Comment dynamiser les performances des documentaires à l’export?

 

Les professionnels du documentaire se sont réunit lundi, lors d’une journée organisée par la SCAM et TVFI, pour réfléchir aux conditions de développement des exportations.

 « L’exportation est un enjeu pour le financement des investissements. Les recettes internationales représentent près de 12% des devis de production de documentaires, ce qui est vital pour cette activité », indique le président de TVFI, Xavier Gouyou Beauchamps. Rebondissant sur la réflexion d’Hervé Rony, dg de la Société civile des auteurs multimédia, qui pose « à titre un peu provocateur la question de la réflexion à une écriture dédiée », Yves Jeanneau, dg fondateur du festival Sunny Side of the Doc pointe la nécessité de penser à l’export en amont : « un film documentaire ne devient pas international à sa livraison, mais parce qu’il a été conçu pour ».

“Les délais de production, de réflexion des unités de programmes  freinent les coproductions », déplore Heidi Fleisher, développeuse de projets pour l’international. Dans la culture anglo-saxonne, Il est cohérent de proposer un projet à l’horizon de trois ans, mais les chaînes françaises prennent leur décision à moins d’un an. Or, la première chose qu’un acteur étranger demande est : « quel est votre diffuseur national  », souligne la documentaliste Marion Loizeau.

Quid des marchés d’avenir comme la Chine ? A l’heure actuelle les prix d’achat sont encore faibles, certains diffuseurs offrant de l’espace comme contrepartie. Cependant 3400 heures de documentaires ont été vendues par BBC Worldwide en 2012. Contrairement à de nombreux acteurs internationaux, qui « comme la BBC, proposent des programmes formatés à la demande, en mandarin et en cantonnais, nous ne disposons pas de bureaux à Pékin », indique Yves Jeanneau.

Le directeur du Sinny Side of the Doc propose le lancement d’un « observatoire des coproductions françaises », en Chine et au Brésil, et dénonce les dangers de la dispersion : « un acheteur chinois ne va pas traiter avec 65 vendeurs pour acheter 100 heures de documentaires français ». Mathieu Béjot, délégué général de TVFI, rappelle à cet égard qu’un des objectifs de sa plateforme numérique est de « simplifier le repérage des œuvres et l’envoi de fichiers aux acheteurs ».  Isabelle Hauw.

 

Article rédigé suite à une journée de débats à la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias).  

http://www.lettreaudiovisuel.com/comment-dynamiser-les-performances-des-documentaires-lexport/

TV : l’avenir est à la guerre des  contenus

Lundi, Gérald -Brice Viret était l’invité du dîner-débat du Club Audiovisuel de Paris sur le thème  « Nouveaux acteurs, nouveaux usages, quel paysage audiovisuel demain » ?

« Ceux qui prédisent la fin de la télévision ont tort, elle va bien », lance Gérald-Brice Viret, à ceux qui redouteraient la réalisation des prédictions du fondateur de Netflix. Reed Hastings a en effet annoncé la mort de la télévision linéaire.

Le directeur délégué du pôle télévision de Lagardère Active, président de l’ACCeS (Association des chaînes conventionnées éditrices de services), rappelle que les  grands groupes de chaînes françaises disposent de la trésorerie pour investir et faire face aux enjeux de demain. Il relativise l’impact des opérateurs internationaux de SVOD en comparant leurs offres à « celles des vidéos clubs, qui n’ont rien à voir avec celle de la télévision linéaire ».

Cependant comment envisager le futur, entre la gratuité de la télévision numérique terrestre, l’offre de télévision payante, et l’émergence de la vidéo ? Le spécialiste des médias désigne trois opportunités : la multiplication des écrans «  qui permet de consommer le média TV où on veut ». La télévision catch-up « qui permet au téléspectateur de rattraper un programme, mais permet aussi de rattraper un téléspectateur ». Enfin, les réseaux sociaux « qui donnent à tout le monde la possibilité de réagir à une émission, avec sa communauté ». Les phénomènes de «  buzz » permettent de donner de la visibilité à des programmes qui n’ont pas été suivis en direct par les téléspectateurs.

Gerald-Brice Viret pronostique le succès de chaînes « bien identifiées qui peuvent rassembler ». La ligne éditoriale est de nouveau au centre du jeu, le téléspectateur désirant savoir « ce qu’il trouve, où, et quand ». Il souhaite en terminer avec la fiction américaine, et encourage la création de nouveaux formats français. Les éléments qui permettront aux chaînes linéaires de se différencier à l’avenir sont «  la qualité, l’originalité et l’interactivité des contenus ». Gérald-Brice Viret conclut, optimiste : «  La guerre des tuyaux est terminée. Vive la guerre des contenus ! ».  I.H.


Article I.H. 2000 signes, pour La Lettre suite à l’allocution de Gérald-Brice Viret, président de l’ACCeS et directeur du pôle télévision de Lagardère

http://www.lettreaudiovisuel.com/tv-lavenir-est-la-guerre-des-contenus/

Le co-branding du luxe : la stratégie de l’éphémère

Coca-Cola, Peugeot, Nespresso, Samsung : autant de marques qui font appel à des créateurs de renom, à des personnalités ou à des marques de luxe pour co-signer des produits en édition limitée, exclusifs et uniques. Ce phénomène touche le milieu de la mode non sans quelques critiques et réticences. 

Réputé pour proposer des vêtements branchés à des prix abordables, H&M a lancé sa stratégie de co-branding en 2004.
La marque a travaillé avec de grands stylistes, et des célébrités icônes de la mode, afin de créer des collections temporaires. Ses collaborations avec Karl Lagerfeld, Jimmy Choo, Sonia Rykiel, Madonna, Kylie Minogue ou Lanvin en font un modèle incontesté du co-branding de luxe. Les enseignes de vente par correspondance, comme La Redoute, surfent elles aussi sur la vague en proposant des collections signées Jean-Paul Gaultier, Azzaro, Paule Ka ou Lou Doillon.

Les fashions addicts se ruent sur les collections  

Le co-branding ou le « masstige », terme mixant distribution de masse et prestige, permet de rendre les produits de marques de luxe  accessibles. Les lancements s’accompagnent de défilés dignes des plus grandes maisons de couture. Les fashion adddicts s’arrachent les collections griffées en quelques heures. Chacun y trouve son compte puisque ces associations permettent aux deux marques de doper leurs ventes, de toucher des cibles différentes, et d’améliorer leur image.  La marque de prêt-à-porter s’offre une nouvelle identité en vendant du luxe au même prix que ses collections habituelles. Elle se dote d’une aura prestigieuse dans un marché toujours plus saturé. Le créateur de renom acquiert une image plus accessible, moins élitiste, qui lui permet de toucher de nouvelles cibles.

Le luxe vend-t-il son âme au diable ? 

Pour autant, tous ne partagent pas cet engouement pour le co-branding de luxe dans le secteur de la mode.  Les puristes estiment qu’ils existe désormais un « brouillage » des frontières entre luxe et grande distribution « En se voulant accessible, au détriment de son mystère, le luxe a perdu le fondement même de sa définition alors que les autres ont acquis un prestige artificiel » expliquent-ils. C’est pourquoi ce type d’association est éphémère afin d’éviter tout risque de cannibalisation.

La Haute Couture reste dans son sérail 

Dans le milieu très fermé de la Haute Couture et des grandes maisons, ces collections sont boudées. Une des spécificités du luxe est son caractère exceptionnel. Or, avec des collections réalisées en série, la rareté du produit n’existe plus. Une autre composante, majeure, est la qualité, que les initiés n’attendent pas plus chez H&M qu’à la Redoute. Tant que cela reste ponctuel on peut pardonner quelques coups marketing réservé à la consommation de masse. Les créateurs sont autorisés à choquer. De là à fréquenter des réseaux de distribution aussi bas de gamme, il y a un gap.

Un co-branding à manier avec précaution

Car les initiés ne s’y trompent pas : en matière de marketing mix, le réseau de distribution est aussi segmentant que le prix ou que le produit. La déperdition de valeur est à  redouter de tous les abus comme ceux des licences Cardin. Mais tant qu’elle ne galvaude pas l’image, cette stratégie fonctionne.  Les consommateurs en redemandent. Qui, il y a quinze ans, aurait songé avoir dans son armoire une robe à petit prix signée Lagerfeld ? Le co-branding :  l’accessibilité du rêve.

Marketing / Distribution / Luxe. Article publié par Isabelle Hauw. 
Mai 2018

FaceBook se lance dans le e-commerce

FaceBook déploie un service de commerce pour les entreprises via Messenger. David Marcus, vp Messaging Products, a révélé sa stratégie au Sommet de l’Economie organisé par Challenges, le 7 novembre 2015.

« La messagerie c’est le futur, c’est la prochaine plateforme » : c’est ce qu’avait confié le fondateur de FaceBook, Marc Zuckerberg, à David Marcus alors président de Paypal. « La vision m’a convaincu, j’ai rejoint FaceBook en 2014 pour m’occuper de messenger » explique son vice-président.

Enthousiaste, il rappelle les chiffres de ses réseaux. FaceBook, c’est 1,5 milliard d’utilisateurs tous les mois, plus d’un milliard tous les jours. What’s App, 900 millions d’utilisateurs. Instagram, 400 millions d’utilisateurs mensuels actifs. Messenger, 700 millions d’utilisateurs mensuels actifs vs 200 millions il y a 18 mois : « on a ajouté un demi-milliard d’utilisateurs mensuels », se réjouit-il.

Son sujet de l’année : « comment réinventer la conversation entre les entreprises et les particuliers, les consommateurs ». Les premiers tests, visant à connecter les 700 millions d’utilisateurs de Messenger aux 40 millions d’entreprises disposant d’une page Facebook, ont eu lieu aux Etats-Unis. Le service sera disponible en France dès 2016.

Il y aura « une vraie conversation avec la marque sur Messenger », explique-t-il, présentant un processus e-commerçant d’achat, paiement, suivi et nouvelles commandes réunis en une conversation unique. On évite ainsi les successions de conversations différentes sous forme de plusieurs emails, entre autres connexions et navigations web, conçus « pour l’âge de l’ordinateur »,  donc trop complexes sur mobile.

« M », l’assistant numérique de Facebook, « mélange d’intelligence artificielle et d’humain », offrira un service de concierge pour les achats, réservations d’hôtels et voyages. Forte de ses perspectives, FaceBook a dépassé pour la première fois, jeudi dernier, une valorisation de 300 Mds $ à Wall Street vs 150 Mds $ début 2014. I.H.

E-commerce / Marketing/ Réseaux sociaux.
Article 2000 signes, publié par Isabelle Hauw, le 19 novembre 2015.

ITV de Michel Combes, pdg de SFR Group « Les GAFA européens sont les opérateurs de télécoms »

SFR devient un opérateur de contenus : SFR Group. Son pdg, Michel Combes, dévoile ses nouvelles offres numériques, sa stratégie, et sa vision d’avenir face à la concurrence des GAFA.

Pourquoi la société SFR change-t-elle de nom, pour devenir SFR Group ? 

SFR se transforme en devenant un véritable opérateur de contenus. Nous restons un opérateur télécoms, qui fournit de l’accès, de la data, et nous enrichissons cette offre de services, de contenus. Aux Etats-Unis tous les grands acteurs américains se sont déployés sur la convergence. Nous allons une étape plus loin, avec ce que j’appelle la convergence globale : l’accès, le contenu, mais aussi la publicité. La capacité de monétiser toutes les audiences qui sont créées par l’opérateur de télécommunications et opérateur de contenus, pour inventer une nouvelle forme de régie numérique. 

Quelles sont les raisons de cette évolution ? 

Le contexte a changé, les technologies permettent beaucoup plus de choses, les tablettes, les smartphonessmartTVs, beaucoup plus d’interactions. Les acteurs OTT, les GAFA, sont arrivés. Ils ont mis en risque le modèle opérationnel des opérateurs, encore plus celui des médias. Les médias ont perdu leur capacité de distribution, et de monétisation. 

Allez- vous proposer une offre TV thématique? 

Nous lançons une offre de contenus de 4 packs : SFR News, SFR Sport, SFR Play et SFR Presse. Nous devons nous différencier par rapport à nos compétiteurs. La phase de consolidation récente des opérateurs en France n’a pas eu lieu, nous avions préparé notre stratégie, et nous souhaitons l’accélérer pour pouvoir nous différencier par rapports à nos concurrents. C’est pour cela que nous allons vite, très vite. 

Comment se compose votre bouquet de chaînes d’informations?

 SFR News sera un pack de 5 chaînes. Une chaîne d’information généraliste BFM, une chaîne d’information économique BFM Business, une chaîne d’information internationale i24News. Nous lancerons deux nouvelles chaînes, en juin une chaîne d’information sportive BFM Sport, en octobre une chaîne d’information locale BFM Paris. 

Quelles chaînes pour vos packs sport, et divertissement? 

SFR Sport bénéficie de notre portefeuille de droits. Nous allons en conséquence proposer cinq chaînes :
– SFR Sport1 la chaîne 100% foot, avec la Premier League.
– SFR Sport2, le meilleur des sports en exclusivité chez SFR, AVIVA 
Premiership rugby, basket Pro A,  tennis, et ski
– SFR Sport
3, consacrée aux sports extrêmes
– SFR Sport4K, pour retrouver le meilleur de SFR Sport en 4K
– SFR Sport5, dédiée aux sports de combat et aux arts martiaux.

SFR Play intégrera notre service de svod ZIVE enrichi.
Dès le mois d’octobre, nous proposerons une série inédite, « 
Médici, Masters of Florence » avec Dustin Hoffmann, en 4K, puis des adaptations, des coproductions de séries avec Hot, la filiale israélienne du groupe Altice.

Vous innovez en lançant une offre de presse illimitée.. 

Nous transformons la presse en proposant l’intégralité de nos titres en numérique dans nos offres. Nous croyons en son avenir avec les technologies digitales. SFR est fort de 18 millions d’abonnés appelés à devenir lecteurs internautes. 

Ces contenus seront ils réservés aux clients SFR? 

Nos contenus seront intégrés soit à l’intérieur de nos offres soit en option. Mais si un client veut pouvoir accéder à SFR Sport, et qu’il n’est pas client de SFR en tant qu’opérateur de télécommunications, nous ne devons pas l’en priver. Le monde fermé des opérateurs télécoms que nous avons connu, aujourd’hui des GAFA qui nous enferment dans leur univers, doit évoluer. Nous voulons promouvoir un monde ouvert, de choix, de liberté, pour nos clients. 

Votre stratégie est-elle un moyen de faire face à la concurrence des GAFA ?

 Les GAFA européens se sont les opérateurs de télécoms. Tous les acteurs télécoms, média, communication, se déplacent sur le même triangle, l’accès, le contenu et la pub, chacun venant d’une extrémité. Nous venons du monde de l’accès, nous enrichissons nos offres à fin de fidélisation, de différenciation. Cela nous permet d’avoir des données d’usage, et d’aller vers ce monde de la pub plus ciblée, plus efficace, plus enrichissante pour l’annonceur comme pour le client. Jusqu’à présent ceux qui s’étaient le plus déplacés sur ce triangle étaient les GAFA, qui avaient essayé de s’arroger le monopole de la publicité. Aujourd’hui le mouvement de SFR est sans doute le plus complet dans ce nouvel espace. A nous de montrer que c’est un modèle qui va rencontrer le succès, un modèle d’avenir.

Propos recueillis par Isabelle Hauw, lors de la conférence de presse Altice-SFR. Interview de 4300 signes, publiée dans La Lettre.
Mai 2016. 

ITV de Didier Decoin, secrétaire général de l’Académie Goncourt, président du FIPA

Didier Decoin, président du Festival International du Film de programmes audiovisuels, dont la 29ème édition vient de s’achever, à Biarritz, nous offre son regard sur la télévision 

Didier Decoin, au début de votre carrière, jeune écrivain talentueux, qu’est-ce qui vous conduit vers l’image ?

Mon père, Henri Decoin, était cinéaste. Un jour il m’a demandé : « qu’est-ce que tu veux faire ? ». Je lui ai répondu, « Papa, c’est évident, je veux être comme toi ». Il faisait deux films et demi par an, alors que de nos jours  il faut deux ans et demi pour préparer un premier film. Il m’a dit: « Surtout pas, j’ai connu l’âge d’or du 7ème art, tu ne connaitras jamais la facilité qui m’a été offerte. Ne fais pas de cinéma. Ecris pour le cinéma ! ».

C’est ainsi que vous être devenu scénariste …

Tout en étant romancier, j’ai décidé de penser aux adaptations. L’idée c’était de susciter les commandes de producteurs ou des réalisateurs. La première commande qui m’est advenue, c’était celle de Marcel Carné ! Le film s’appelait « La merveilleuse visite ». La bien nommée car les scénarii se sont enchaînés… 

Qu’est-ce qui a guidé vos pas vers la télévision ?

Je me suis aperçu qu’écrire pour la télévision était très excitant. Hervé Bourges, alors pdg de France Télévisions, m’a appelé pour diriger la fiction. J’étais ravi, mais je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! Lors de la première réunion de direction, j’ai indiqué que j’avais lu un mauvais scénario, trouvé sur mon bureau. « Decoin vous savez qui l’a écrit, c’est quelqu’un de très important » m’va-t-il sermonné. J’ai rétorqué  « c’est très mauvais ». Il a alors lancé «  je crois que je tiens un excellent directeur de la fiction ».   

Vous avez travaillé longtemps pour France Télévisions …

En tant que directeur de la fiction, de 92 à 95. C’était une époque bénie. Quand Hervé Bourges m’avait engagé, Il m’avait donné carte blanche. Je lui avais affirmé   « de toute façon, président, je ne fais pas carrière à la télévision vous savez ; si je ne suis pas content je m’en vais dans les dix minutes qui suivent ». Il avait ri, mais c’était vrai !  J’ai ensuite travaillé sous la présidence de Xavier Gouyou-Beauchamps, puis de Jean-Pierre Elkabbach. Elu à l’Académie Goncourt, j’ai quitté ces fonctions. On m’a alors demandé de présider une chaîne thématique dédiée à la fiction, filiale de France Télévisions, qui s’appelait, telle une prémonition, Festival…

Comment avez-vous été appelé à prendre la présidence du FIPA?

Laurent Heynemann, anciennement président du FIPA, m’a appelé : «  Tu connais le FIPA. Ils n’ont plus de président, est ce que ça t’intéresserait ? ». Oh combien ! C’est le festival le plus intelligent qu’on ait inventé en télévision, en raison de son côté transgenre. Tous les reflets de ce qu’est la télévision, fiction, documentaire, reportages, séries, y sont représentés. C’est une rencontre internationale, ce qui est fondamental, car l’audiovisuel est mondial, global, il rayonne au travers du prisme de centaines de chaînes sur les satellites. Le Fipa réunit les deux versants, le versant artistique, auteurs, réalisateurs, et le versant diffusion, distribution.

Comment le FIPA a-t-il évolué, suite à votre arrivée, en 2012 ?

François Sauvagnargues, qui dirigeait la fiction à Arte, venait d’être nommé délégué général du Fipa. Nous avons souhaité donner une nouvelle envergure au festival. J’ai eu l’impression que le FIPA devenait ce que je voulais qu’il soit, à  la fois un festival sérieux de télévision, et une fête.

Vous avez créé deux nouveaux départements, le Fipa Industry, et le Smart Fipa…

Oui, afin d’envisager l’avenir, de construire le futur. Le Fipa Industry est un espace réservé aux professionnels, un lieu de rencontres. Le Smart Fipa, c’est la télévision de demain, d’après-demain.

Qu’a apporté la 29ème édition du Fipa ?

Le Fipa 2016 a fait tout son possible pour que la télévision soit dans tous ses états. Etats avec un grand E parce que le Fipa n’est pas un microcosme, mais un macrocosme qui a su attirer tous les Etats du monde. Et avec un tout petit e, pour rappeler que la télévision sait jouer des six états d’âme que sont l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la tristesse et la joie. Qui, d’après Descartes, fondent un être humain, et sont la palette du créateur audiovisuel. Je suis fier, incomparablement fier, de travailler pour la télévision.

Propos recueillis par Isabelle Hauw. Envoyée spéciale à Biarritz, pour le FIPA. Interview publiée dans la Lettre. 

 

ITV de Michel Drucker « J’ai survécu à la ménagère de moins de 50 ans »

Michel Drucker vient de recevoir le Laurier d’Or, consacrant son parcours, aux 20 ans des Lauriers de la Radio et de la Télévision.  Il nous offre son regard sur 50 ans de carrière.

Vous venez de recevoir le Laurier d’Or. Comment accueillez-vous ce prix ?

Je connais le Club Audiovisuel de Paris, sous l’égide duquel ces prix sont attribués. Je suis ému, heureux de recevoir cette récompense. Il y a une notion de qualité qui m’importe, car l’image est l’audience de demain.  Beaucoup de copains de la maison, France Télévisions, ont été récompensés par des prix. Dans la salle j’ai vu de nombreuses personnalités qui ont jalonné ma carrière, dont mon président actuel, Rémy Pflimlin. De surcroit ce Laurier d’or arrive à un moment particulier : la première fois que je suis physiquement apparu à la télévision, c’était le 14 janvier 1965. C’est mon trophée de cinquante ans de télé.

Vous fêtez vos cinquante ans de télévision…

Je n’arrive pas à l’intégrer. Cinq fois dix ans, vous imaginez. Ce sont beaucoup de doutes, beaucoup d’inquiétudes, avec le racisme de l’âge, le jeunisme. J’ai survécu à la ménagère de moins de 50 ans, j’ai vécu sans Médiamétrie, sans les sondages, avec des sondages, en noir et blanc, avec la couleur, avec la Haute Autorité, avec le CSA… J’en suis à mon quinzième patron, mon sixième Président de la République, ça commence à compter !

Allez-vous continuer à faire de l’antenne ?

C’est mon truc à moi, c’est ma drogue. J’ai une addiction à la télé, et une addiction au sport. Mais je crois que ce sont les gens qui me passionnent. C’est la chanson de Barbara : ma plus belle d’histoire d’amour c’est quand même le public. Si je suis là, c’est parce que les gens sont là, depuis trois générations, et à travers des émissions qui n’étaient pas évidentes à faire parce qu’en cinquante ans j’ai changé souvent avec de grosses prises de risques. Succéder à Jacques Martin, il y a quinze ans, on n’était pas nombreux à y aller !

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en télévision ?

C’est le téléfilm qui a été fait à partir de mon livre « Qu’est ce qu’on va faire de toi ? ». Avoir un biopic de son vivant c’est très troublant. Regarder un film qui retrace la première partie de votre vie, se voir en vrai en archives, à la fin du film, à 22 ans…

Quel est votre souvenir le plus marquant en matière d’animation ?

Ma première Coupe du monde, en 1970.  Il fallait que je montre mon laissez-passer tout le temps, au stade Azteca à Mexico. A 26 ans, j’avais l’air d’un gamin, on se demandait : « mais à qui a-t-il  piqué son laissez-passer ? ».  J’en ai commenté cinq, c’est beaucoup, à raison d’une fois tous les quatre ans sur 20 ans.  C’est mon souvenir le plus marquant. Et mon meilleur souvenir, c’est le prochain, c’est dimanche prochain !

Votre meilleur souvenir d’émission c’est Vivement Dimanche 

Champs-Elysées, c’est important quand même, Studio Gabriel également. J’ai appris qu’il y avait 5000 heures d’images et de son me concernant à l’INA, donc vous imaginez, s’il fallait faire le tri dans tous ça.

Pourquoi avez-vous choisi le service public ?

J’ai été très heureux de connaitre le privé. De retrouver à TF1, où j’ai travaillé 5 ans, un gamin que j’avais croisé dans mon enfance, sa mère m’ayant aidé pendant la guerre : Patrick Le Lay, l’ancien dirigeant du groupe. Mais c’est vrai,  je suis un enfant du service public. Mon oxygène, la télévision que je fais, ne peut se faire que sur le service public. Parce qu’il y a moins d’exigences, le financement n’est pas que la publicité, donc c’est différent. J’y ai passé 45 ans sur 50 ans de carrière. Et j’ai fait 45 ans d’émissions soit le samedi soir soit le dimanche après-midi, je suis un homme du week-end !

Quel est votre idéal d’émission ?

J’essaie, suivant la formule de Jacques Chancel, de montrer aux gens ce qu’ils aiment et ce qu’ils pourraient aimer. Je prends le même soin à recevoir un grand écrivain, qu’à présenter un jeune chanteur populaire, qui peut devenir Michel Sardou ou Johnny Hallyday. J’ai le même plaisir à aider un film grand public qu’un film d’auteur. Je n’ai jamais fait de cloisons parce que j’ai été élevé dans ce bon mélange des genres, dès le début, quand on faisait Champs-Elysées. Quand j’avais 26 ans, lors des Rendez-vous du dimanche, je recevais aussi bien Simone de Beauvoir que Claude François. Mon souhait a toujours été de faire ca, d’avoir comme spécialité de ne pas en avoir, de ne surtout pas être dans un ghetto. C’est ce que j’ai essayé de faire…

Propos recueillis par Isabelle Hauw
Interview de 4300 signe, publiée dans la Lettre.
Février 2015. 

Loi sur l’indépendance des médias : les propositions du Sénat

Mardi, lors d’un point presse,  organisé par la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication, Catherine Morin-Desailly a présenté les modifications du texte de loi sur l’indépendance des médias, examiné le 6 avril en séance publique.

« On a bien compris que la loi était une loi de circonstance liée à l’affaire Bolloré », explique Catherine Morin-Desailly :  « toujours est-il que si le cas Bolloré est à déplorer ce n’est pas forcément ce qui devait précipiter en urgence le vote de la loi ». La présidente de la Commission déplore le recours à la procédure accélérée d’urgence :  « le sujet évoqué, ne serait ce que dans le titre, démontrait qu’on allait pas tout traiter dans cette proposition ».  En effet « la notion de pluralisme, d’indépendance des médias renvoie à des problématiques beaucoup plus larges, la survie des groupes dans un contexte économique difficile et de mutation technologique très rapide ».

La proposition de loi n’est à cet égard « pas tout à fait adaptée, un peu déphasée par rapport à l’enjeu » déplore-t-elle. Les auditions révèlent que « la proposition de loi rencontre beaucoup d’oppositions y compris de la part des journalistes ».

La Commission apporte en conséquence des modifications pour rendre son dispositif opérationnel, en supprimant la notion « d’intime conviction professionnelle », qu’elle considère juridiquement incertaine pour le droit d’opposition des journalistes. Ce, en laissant aux entreprises du secteur le soin de définir les modalités de la charte de déontologie, et en créant les conditions de fonctionnement des comités d’éthique.

En matière audiovisuelle la présidente de la Commission souhaite préserver le système de régulation actuel : « le CSA ne saurait s’immiscer dans le fonctionnement des entreprises du secteur, et ne doit pas devenir l’arbitre entre les journalistes et leurs employeurs ». I.H.

Article Institutionnel / Juridique
Suite au point presse organisé par la Commission de la Culture, de l’éducation, et de la communication le  5 avril au Sénat.

1600 signes. Publié au sein de la Lettre du 6 avril 2016.