Archives pour la catégorie Médias

TV : la publicité, au centre des préoccupations des grands patrons

Lors de l’université d’été du SNPTV, les chaînes de télévision ont rappelé la nécessité d’une adaptation de la réglementation aux nouvelles donnes du marché.

« Il y a besoin d’un vent de fraîcheur dans la réglementation de la télévision au moment où on a besoin de relancer la consommation » L’argument de Nicolas de Tavernost fait mouche : le président du groupe M6 est applaudit par le parterre d’annonceurs touchés par la récession, qui tweetent avec les  journalistes. Autant de relais lobbyistes en puissance susceptibles d’ébranler les règles contraignantes de la loi de 86.

« Le secteur audiovisuel est malheureusement régenté par une réglementation qui n’est pas forcément favorable aux différents acteurs » renchérit à ses côtés Nonce Paolini,  le patron de TF1. Les présidents des groupes audiovisuels réclament de concert l’assouplissement des contraintes législatives, tant en termes de levées de certains secteurs interdits à la publicité, tels la grande distribution ou le cinéma, qu’en matière de sponsoring.

A l’heure où la délinéarisation, le streaming, et la concurrence des mastodontes sVOD menacent le marché français, le message est clair : il est grand temps d’aider les grands groupes audiovisuels européens. Fédérateurs, ils sont les seuls remparts à la fuite des téléspectateurs vers Internet.

« C’est la télévision qui entraîne la diffusion sur les réseaux sociaux » souligne Bertrand Meheut, président du groupe Canal+, qui considère que la clé du succès réside en une marque de chaîne et des contenus très forts.

« Tout part de la télévision, tout y revient à un moment où un autre. Avec My TF1 on a créé une nouvelle forme de relation,  de fidélisation avec le téléspectateur. On aura de plus en plus d’occasions de passer du mass média jusqu’au contact personnalisé. Seule la télévision peut permettre d’irriguer sur tous les devices » poursuit Nonce Paolini, après avoir rappelé que la télévision reste au cœur de l’écosystème médiatique.

« Le digital qui était désigné comme le grand concurrent de la télévision apparaît désormais comme un complément de sa diffusion traditionnelle » note Alain Weill.  Le président de NextRadio TV,  rappelle sa force de frappe  « la télé, par rapport à sa puissance, ne coûte finalement pas grand-chose : quel site internet peut revendiquer 35 millions de visiteurs uniques par jour ? D’ailleurs Internet communique par mois ».

Thierry Cammas, président-gérant de Viacom Int. Média Networks France (MTV), fort de l’expérience du groupe sur le marché américain, confirme l’importance du rôle des diffuseurs, « repères fédérateurs face à l’hyper choix de programmes ».  Si certaines chaînes du réseau permettent de proposer une offre de contenus à la carte, la programmation, permettant de faire bénéficier les  téléspectateurs d’une ligne éditoriale cohérente, reste à ses yeux fondamentale. « On parle de dé-linéarisation, moi je re-linéarise », me confira-t-il en marge du colloque. I.H.

Article 2000 signes, envoyée spéciale à l’Université d’été du SNPTV. Publié le 18 juillet 2013.

Convergence : l’ère de l’intelligence artificielle  

Gilles Fontaine, dg de l’Idate, a conclu les 7èmes assises de la Convergence des médias, en décrivant les grandes tendances du secteur, et en suggérant des pistes pour réussir la migration d’internet dans l’audiovisuel.

Gilles Fontaine observe trois caractéristiques majeures de l’évolution du secteur média. Il indique tout d’abord qu’il y a une « mise en concurrence générale » des différents acteurs de la sphère audiovisuelle.  Puis souligne que le terme OTT (Over The Top) devient « extrêmement ambigu » eu égard à l’ouverture du marché à la concurrence.  Et note enfin qu’«on a perdu le consommateur ».  Et c’est ce qui entraîne une difficulté majeure pour les chaînes. Le consommateur est désormais « l’éditeur de sa consommation, ce  qui peut ouvrir la voie à un nouveau métier, celui d’un nouvel éditeur, d’un nouvel accompagnateur ».

Comment, dans ce contexte évolutif, réussir l’intégration d’Internet à l’audiovisuel ?  Deux maillons sont essentiels.  » Encore et toujours le contrôle des droits, le contrôle des droits de programmes attractifs ». Mais aussi « la capacité à organiser une offre, à la structurer, et à la recommander au bon moment ».

 «Une des composantes essentielles en la matière est le logiciel », souligne Gilles Fontaine, observant les capacités en recherche et développement d’acteurs comme Google ou Dailymotion. « Une expertise fondamentale est la compétence en matière d’IT, de data. C’est un métier d’excellence technologique ».  Et l’ingénieur de conclure  « nous sommes désormais entrés dans l’ère de l’intelligence artificielle ». I.H.

Article 1800 signes I.H. Envoyée spéciale au colloque sur la Convergence des Médias, publié le 18 déc. 2013. 

La loi Création est en discussion au Sénat

Depuis mardi, les sénateurs procèdent à la discussion du projet de loi Création, adopté par l’Assemblée nationale. Fleur Pellerin a rappelé fermement le point de vue du gouvernement : la production doit rester indépendante.

« Mon souci est de donner aux artistes la possibilité de créer librement »  indique Fleur Pellerin, qui présentait son projet de loi relatif à la Création, à l’architecture et au patrimoine, au Sénat.

Les dispositions qui régissent le cinéma, l’audiovisuel et la musique ont besoin d’être modernisées. Elles sont exposées aux mutations numériques et à la globalisation.  Cette révolution modifie en profondeur les relations entre artistes, producteurs, diffuseurs ou distributeurs. Plutôt que d’avoir systématiquement recours à la loi, Fleur Pellerin revendique une méthode : « impulser des négociations entre les différents acteurs du secteur : ils sont les mieux à même de déterminer ce qui leur est collectivement le plus profitable ».

La ministre note l’adoption de mesures permettant de rééquilibrer les relations entre les artistes et les producteurs de cinéma à l’ère du numérique. Elles gagneront désormais en transparence, indique la ministre, qui se félicite du fait que les dispositions adoptées pour le cinéma aient été transposées à l’audiovisuel.

Les relations entre les producteurs et les diffuseurs sont plus problématiques. Des négociations sont en cours, après un premier accord ait enfin été conclu entre France Télévisions et les producteurs. « Tout ce qui viendrait déséquilibrer ces négociations ou prendre les acteurs au dépourvu doit donc être évité ».

Et de marteler, aux motifs de diversités culturelles, sa hantise d’une intégration verticale des groupes média : «  je ne peux qu’être en désaccord avec les amendements adoptés en commission sur ce sujet ».  Le texte de loi a en effet été modifié lors de la dernière séance de la Commission de la Culture, au Sénat, suite aux amendements déposés par le sénateur LR Jean-Pierre Leleux. L’obligation de commande d’œuvres audiovisuelles des diffuseurs auprès des producteurs indépendants a été abaissée de 75 % à 60 %.

Isabelle Hauw. Article publié (presse spécialisée) suite à la présentation de la discussion du texte de loi par Fleur Pellerin, en 2016.

 

Netflix fête diaboliquement son arrivée en France.

Reed Hastings, le pdg de Netflix, a invité le fleuron du PAF à rencontrer ses équipes, en compagnie des acteurs de sa dernière production, « Orange is the New Black », lors d’une soirée au Faust. 

L’arrivée du célèbre opérateur est perçue avec crainte au sein de l’audiovisuel français.  Clin d’oeil événementiel, l’événement se déroule au sein d’un établissement au nom évocateur : Le Faust. Celui d’un savant ayant vendu son âme au diable pour pénétrer les secrets de la nature et jouir de tous les plaisirs interdits.

Le diable est dans les algorithmes, permettant la suggestion personnalisée de programmes en SVOD illimitée aux abonnés de Netflix. L’âme celle de l’exception culturelle, menacée par ce cheval de Troie américain  susceptible de déstabiliser le financement de la création audiovisuelle française.

Si l’opérateur est courtoisement invité à  y contribuer, il préfère se limiter aux coups de communication. Alors que Fleur Pellerin expliquait récemment à Reed Hasting qu’il fallait produire d’autres séries comme Marseille, une seule n’étant pas suffisante,  il botte en touche d’un « je vais y penser ».

Face à l’opérateur aux 50 millions d’abonnés, la ministre dispose pourtant de quelques arguments. La législation sur la chronologie des médias est un frein à l’attractivité des offres SVOD, contraints d’attendre trois ans pour proposer les films sortis en salle, délai qui pourrait passer à deux ans pour les opérateurs finançant la création. Mais Reed Hastings, qui n’a pas manqué d’inviter les représentants de l’Hadopi, agite le spectre du piratage induit par la frustration.  

Fort d’une récente levée de fonds de 400 millions de dollars, Netflix pourrait pourtant être incité à produire pour rivaliser avec les opérateurs SVOD déjà implantés en France, tels Vidéofutur, SFR-Numéricâble, ou Canal Play.  Car son catalogue a besoin de programmes phares, et adaptés aux marchés domestiques. Or ces contenus sont préemptés par les acteurs sVOD français.

Ironie du sort, l’offre SVOD de Canal + comprend notamment House of Cards, production de Netflix, qui avait cédé les droits d’exploitation sur le marché français.  Ce tour de passe passe en fait sourire plus d’un. Mais passé minuit, le fleuron de l’audiovisuel français regagne ses foyers. Comme autant de Cendrillons munies d’un précieux coffret : un an de Netflix offert.  

Isabelle Hauw. Article publié au sein de la Lettre pro de la Radio.
Dans les coulisses de la soirée de lancement de Netflix, au Faust, Paris.  

« Nous allons écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de RTL ».

Interview de Christopher Baldelli, président du directoire de RTL Radio. Le président de RTL Radio révèle les nouvelles orientations du groupe de radios qu’il dirige depuis 2009. Il nous explique pourquoi une nouvelle page s’écrit pour la première radio de France.

Christopher Baldelli,  homme de tous les médias, vous êtes à la tête de RTL Radio. Quel est votre moteur professionnel ?

La passion. Cela fait vingt ans que je suis dans la sphère des médias : télé, radio, presse. Ma passion est totalement intacte, et j’adore ça. J’ai commencé dans le groupe Lagardère à faire de la presse essentiellement, puis de la télévision à France 2, où j’étais directeur général, puis dans le groupe M6 où je dirigeais les chaînes numériques de M6 comme Paris Première,  et W9.  Depuis 5 ans,  je dirige le groupe de radios RTL : RTL, Fun Radio et RTL2.

Quel est le positionnement de RTL?

Tout d’abord, nous sommes la première radio de France, qui se doit, c’est sa vocation et notre volonté, de s’adresser à tous les publics. Ensuite, RTL est une radio totalement indépendante en matière d’information, ce que nous montrons tous les jours. Et puis, RTL est une radio qui a un esprit positif. Nous voulons accompagner nos auditeurs, leur offrir de l’humour, de la convivialité et de la pédagogie pour leur permettre de comprendre, d’apprendre.

Comment vous démarquez vous vis-à-vis de la concurrence ?

RTL est vraiment dans son identité, dans ses valeurs. Nos valeurs, c’est d’abord de nous adresser à tous les publics, sans exclusive. Quelque-soit l’âge, quelque-soit le sexe, quelque-soit la religion, quelles que soient les idées politiques. 

En quoi cette rentrée est elle marquante ? 

C’est une rentrée un peu particulière pour RTL. On a vraiment l’ambition, et je crois que nous allons la réaliser, d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de la station. Avec, notamment, l’arrivée de Laurent Ruquier qui reprend les grosses têtes après 37 ans de succès de Philippe Bouvard, et celle d’Yves Calvi qui prend la matinale. Ce sont de nouveaux programmes, de nouvelles offres. Des choix qui sont extrêmement importants dans l’histoire de notre radio.

La transition entre Philippe Bouvard et Laurent Ruquier est-elle facile à gérer? 

C’était une gageure, un véritable challenge. Philippe Bouvard a formidablement fait les grosses têtes durant 37 ans, avec tout son talent, avec tout son succès. La succession, ou, en tous cas le fait de continuer Les Grosses Têtes avec quelqu’un d’autre n’était pas évident.

Pourquoi avoir choisi Laurent Ruquier ?

C’était la personne la plus à même, et il en a eu le souhait, de continuer, de s’inscrire dans l’histoire des Grosses Têtes. Nous sommes à plus d’une semaine d’émission. Je crois que nous avons bien réussit le mix entre ce que Laurent Ruquier a pu faire sur d’autres antennes, et sur les Grosses Têtes de RTL. Donc on est très confiants.

Réalisez-vous de bonnes audiences depuis la première diffusion des Grosses Têtes avec Ruquier ?

Aucune radio n’a encore les audiences. Donc pour l’instant on est sur du ressenti, on est sur des études qualitatives, on est sur l’appréciation que peuvent avoir les professionnels. On pense que c’est bien parti.

Le président d’Europe 1, déclare préférer faire de la radio parlée plutôt que filmée, qu’en est-il pour RLT? 

Depuis plus d’un an nous filmons nos programmes pour ceux qui souhaitent les voir sur des tablettes ou des ordinateurs. Aujourd’hui c’est plus de 15 heures par jour. Notre projet n’est pas de faire de la radio parlée : on en fait. Ce n’est pas faire de la radio filmée : on en fait. C’est tout simplement de faire la radio, et de la bonne radio !

Quelles sont vos ambitions en matière numérique ?

La radio est particulièrement adaptée au monde numérique. A RTL nous avons de très bons résultats en la matière. Nous sommes dans le top 20, et nous avons même obtenu une treizième place devant les autres radios et devant des chaînes de télévision sur le Top 20 des sites d’information.

En quoi le média radio est-il adapté à l’univers digital ?

Ce sont un peu les mêmes caractéristiques : gratuité, média non exclusif, média personnel. La radio quand on décline ses caractéristiques sur le numérique, à condition de s’en donner les moyens, c’est assez logique, et c’est assez facile.

Quelles sont vos priorités marketing, à l’ère du profiling, des bigs datas ?

Notre priorité aujourd’hui c’est de faire de l’audience, que ce soit en radio, ou dans le domaine du numérique avec nos sites.

Propos recueillis par Isabelle Hauw pour Rédac.tv.  Interview enregistrée dans les studios de RTL suite à la conférence de presse de rentrée de la station.

LE TÉLÉPHONE MOBILE : LA BOTTE SECRÈTE D’HAVAS

Mardi, lors d’une intervention en Keynote au MipTV, Yannick Bolloré, le pdg du groupe Havas a révélé les clefs de sa vision stratégique aux professionnels de l’audiovisuel.

« Dans la publicité le seul bien que nous possédons, c’est la créativité », déclare, sourire aux lèvres, Yannick Bolloré, en introduction de son keynote au Mip.  Aujourd’hui elle s’appuie sur la personnalisation, car l’ère est au « Anytime, Anywhere, Any device ». Les marques souhaitent susciter l’engagement des  consommateurs, d’où la création de contenus «  brand content » vecteurs d’implication. Qui,  pour les créer, sinon une agence de pub, associée à l’édition de programmes évidemment? Unique sur le marché : Havas, fort de son compagnon Vivendi.

Yannick Bolloré émoustille la salle, truffée de représentants des sociétés de production, distribution, des programmes audiovisuels mondiaux. La valeur du mix marque-data et du profilage des mobi-spectateurs fait rêver. Faussement candide, il explique que, lors d’un déplacement à San Francisco, il s’était étonné d’avoir reçu, sur son smartphone, une publicité du restaurant d’en face proposant un de ses plats favori. Le fruit des données recueillies par Google. C’est alors que le pdg d’Havas a décidé de suivre les pas du géant des GAFA.

D’une phrase, il balaie la concurrence des sociétés de production, en rappelant que la démarche des agences de publicité est spécifique : « elles partent de ce que veulent les marques, et incluent des éléments de planning stratégique ». Quant à la télévision elle est reléguée au fond du salon. La question de concevoir pour l’ordinateur portable ou pour les smartphones ne se pose plus. Sortant son téléphone de sa poche, il illustre sa conception des campagnes : «  mobile first! ».

C’est sur la variété du profils de ses équipes, créatifs, spécialistes de la collecte et du traitement des données, que le dirigeant mise.  « Leur collaboration permet d’obtenir des  campagnes très intéressantes », se félicite-t-il, fier de l’expertise du groupe, le mix marque-data.  L’élite des ingénieurs français anime la chaire numérique Paris Dauphine-Havas-Collège de France : Havas maîtrise les technologies de pointe de la publicité personnalisée. Il vient à cet égard de conclure un partenariat avec Universal Music Group afin d’exploiter des données comportementales, vectrices de rentabilité pour l’industrie musicale.

Interrogé sur ses perspectives à long terme, Yannick Bolloré répond « je ne sais pas ce à quoi le monde ressemblera dans cinq ans ». Loin de redouter les évolutions disruptives il s’en réjouit  « nous les voyons  comme une opportunité ». S’il avoue qu’il lui est impossible d’avoir une vision précise à long terme, il pense que « le changement s’accélérera ». Les évolutions technologiques, et la profusion des start-up  favoriseront l’apparition de nouvelles plateformes, que les contenus vont devoir atteindre. C’est bien à la créativité que le monde des contenus va devoir faire appel. Et de conclure : « Never stop ! ». I.H.

Marketing / Numérique
Isabelle Hauw. Envoyée spéciale à Cannes.
Conférence Havas lors du MIP TV 2015.

 

Comment dynamiser les performances des documentaires à l’export?

 

Les professionnels du documentaire se sont réunit lundi, lors d’une journée organisée par la SCAM et TVFI, pour réfléchir aux conditions de développement des exportations.

 « L’exportation est un enjeu pour le financement des investissements. Les recettes internationales représentent près de 12% des devis de production de documentaires, ce qui est vital pour cette activité », indique le président de TVFI, Xavier Gouyou Beauchamps. Rebondissant sur la réflexion d’Hervé Rony, dg de la Société civile des auteurs multimédia, qui pose « à titre un peu provocateur la question de la réflexion à une écriture dédiée », Yves Jeanneau, dg fondateur du festival Sunny Side of the Doc pointe la nécessité de penser à l’export en amont : « un film documentaire ne devient pas international à sa livraison, mais parce qu’il a été conçu pour ».

“Les délais de production, de réflexion des unités de programmes  freinent les coproductions », déplore Heidi Fleisher, développeuse de projets pour l’international. Dans la culture anglo-saxonne, Il est cohérent de proposer un projet à l’horizon de trois ans, mais les chaînes françaises prennent leur décision à moins d’un an. Or, la première chose qu’un acteur étranger demande est : « quel est votre diffuseur national  », souligne la documentaliste Marion Loizeau.

Quid des marchés d’avenir comme la Chine ? A l’heure actuelle les prix d’achat sont encore faibles, certains diffuseurs offrant de l’espace comme contrepartie. Cependant 3400 heures de documentaires ont été vendues par BBC Worldwide en 2012. Contrairement à de nombreux acteurs internationaux, qui « comme la BBC, proposent des programmes formatés à la demande, en mandarin et en cantonnais, nous ne disposons pas de bureaux à Pékin », indique Yves Jeanneau.

Le directeur du Sinny Side of the Doc propose le lancement d’un « observatoire des coproductions françaises », en Chine et au Brésil, et dénonce les dangers de la dispersion : « un acheteur chinois ne va pas traiter avec 65 vendeurs pour acheter 100 heures de documentaires français ». Mathieu Béjot, délégué général de TVFI, rappelle à cet égard qu’un des objectifs de sa plateforme numérique est de « simplifier le repérage des œuvres et l’envoi de fichiers aux acheteurs ».  Isabelle Hauw.

 

Article rédigé suite à une journée de débats à la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias).  

http://www.lettreaudiovisuel.com/comment-dynamiser-les-performances-des-documentaires-lexport/

ITV de Pascal Rogard, dg de la SACD : « Chez Juncker, c’est le GAFA le plus favorisé ! »

Pascal Rogard, le dg de la Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatiques, a dévoilé les chiffres de perceptions et de répartitions 2014, et alerté sur les possibles atteintes au droit d’auteur par la  Commission Européenne

La SACD révèle les grandes lignes de son bilan 2014. Pouvez-vous rappeler son rôle ?

La SACD est la plus ancienne société d’auteurs, elle a été créée en 1777 par Beaumarchais. Elle s’est d’abord occupée de défendre les auteurs de théâtre, c’est à dire d’aller percevoir leurs rémunérations auprès des théâtres et de les reverser, puis a étendu ses activités au cinéma, à la création audiovisuelle, la fiction et la fiction radio.

Quels sont vos résultats pour 2014 ?

Un tiers de nos recettes viennent du spectacle vivant, avec le théâtre, les arts de la rue, la danse,  l’opéra, l’humour. Deux tiers des recettes viennent de l’audiovisuel. La perception est en progression, globalement de 216,7 millions d’euros en 2014 pour 215 M€ en 2013, en France, de 183 M€ d’euros contre 179 M€. 207 M€ ont été répartis en 2014, + 7% par rapport à 2013.

Avez-vous observé une particularité cette année?

Une légère baisse (-2%) de l’audiovisuel et une progression (+ 7%) du spectacle vivant. Cette progression s’est faite dans un contexte où nous avons repris en main nos outils de perception à partir du 1er juillet. Précédemment, les perceptions en province étaient faites par des délégués de la Sacem rémunérés au pourcentage par la SACD. La Sacem ayant dénoncé le contrat, nous avons estimé que nous devions assurer nos perceptions nous-même. Le bon résultat est lié pour la moitié de l’année au nouvel outil mis en place.  

Quelle est la raison de la baisse des perceptions dans l’audiovisuel ?

C’est très compliqué de comparer d’une année sur l’autre, dans les sociétés d’auteurs, il y a souvent de forts rattrapages de droits, ce qui fut le cas en 2013. Il y a du fait de la crise, du nombre de chaînes, une diminution des recettes publicitaires ; les ressources du service public sont également en stagnation. Les nouveaux médias, les nouveaux opérateurs Internet qui apportent des droits, parce qu’il y a des contrats avec eux, ne compensent pas les diminutions de recettes des médias traditionnels.

Avez-vous constaté des évolutions liées à ces nouveaux médias ?

Il y a une très forte augmentation des œuvres qui rentrent dans nos systèmes informatiques pour l’audiovisuel. Beaucoup de formats courts apparaissent, c’est l’influence de l’Internet, des sites communautaires comme YouTube et Daily Motion. On commence à voir arriver les effets des sites de vidéos à la demande, par exemple par abonnement, qui permettent à des œuvres d’être disponibles et donc vues beaucoup plus longtemps qu’avec les programmations de télévision. Les recettes ne croissent pas fortement, mais il y a une sensible augmentation des œuvres diffusées, ce qui nous oblige à adapter rapidement nos outils informatiques pour continuer à être performants.

On redoute que l’Europe remette en cause certains aspects du droit d’auteur…

Ce qui pourrait être remis en cause c’est la territorialité. Le principe, c’est que lorsque lorsqu’un producteur cède des droits d’exploitation à une télévision, il les cède pour une empreinte territoriale. C’est ce qui permet un large financement du cinéma ou des œuvres audiovisuelles en Europe. La Commission conteste ce principe, au nom de la création d’un grand marché numérique. Nous pensons que cela ne profiterait qu’aux grands opérateurs internet qui ne sont pas européens. Elle le conteste aussi au nom de la défense des consommateurs, qui voudraient soit disant voir des programmes qu’on appelle « géo-bloqués », ce qui veut dire que s’ils voyagent ils ne pourraient plus accéder à leurs programmes habituels. Or cela ne concerne en réalité pas tellement les œuvres, mais des événements sportifs.

Qu’observez-vous à cet égard ?

Pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, il y a des gens qui envisagent de baisser le niveau de protection de la création. L’Europe du droit d’auteur s’est toujours construite sur une très bonne idée de Jack Lang, qui était celle de l’auteur le plus favorisé. Chez Juncker, c’est le GAFA le plus favorisé !

Que souhaitez-vous pour France Télévisions ?

Le service public de télévision a besoin d’un nouvel élan, d’un nouveau souffle, d’un esprit de conquête, d’innovation. C’est fondamental pour la fiction française, le groupe France Télévisions représentant 60% de son financement. Nous sommes très attentifs au choix que fera le CSA.  

Propos recueillis par Isabelle Hauw

http://www.lettreaudiovisuel.com/il-y-a-une-augmentation-sensible-des-oeuvres-diffuses/