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« Nous allons écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de RTL ».

Interview de Christopher Baldelli, président du directoire de RTL Radio. Le président de RTL Radio révèle les nouvelles orientations du groupe de radios qu’il dirige depuis 2009. Il nous explique pourquoi une nouvelle page s’écrit pour la première radio de France.

Christopher Baldelli,  homme de tous les médias, vous êtes à la tête de RTL Radio. Quel est votre moteur professionnel ?

La passion. Cela fait vingt ans que je suis dans la sphère des médias : télé, radio, presse. Ma passion est totalement intacte, et j’adore ça. J’ai commencé dans le groupe Lagardère à faire de la presse essentiellement, puis de la télévision à France 2, où j’étais directeur général, puis dans le groupe M6 où je dirigeais les chaînes numériques de M6 comme Paris Première,  et W9.  Depuis 5 ans,  je dirige le groupe de radios RTL : RTL, Fun Radio et RTL2.

Quel est le positionnement de RTL?

Tout d’abord, nous sommes la première radio de France, qui se doit, c’est sa vocation et notre volonté, de s’adresser à tous les publics. Ensuite, RTL est une radio totalement indépendante en matière d’information, ce que nous montrons tous les jours. Et puis, RTL est une radio qui a un esprit positif. Nous voulons accompagner nos auditeurs, leur offrir de l’humour, de la convivialité et de la pédagogie pour leur permettre de comprendre, d’apprendre.

Comment vous démarquez vous vis-à-vis de la concurrence ?

RTL est vraiment dans son identité, dans ses valeurs. Nos valeurs, c’est d’abord de nous adresser à tous les publics, sans exclusive. Quelque-soit l’âge, quelque-soit le sexe, quelque-soit la religion, quelles que soient les idées politiques. 

En quoi cette rentrée est elle marquante ? 

C’est une rentrée un peu particulière pour RTL. On a vraiment l’ambition, et je crois que nous allons la réaliser, d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de la station. Avec, notamment, l’arrivée de Laurent Ruquier qui reprend les grosses têtes après 37 ans de succès de Philippe Bouvard, et celle d’Yves Calvi qui prend la matinale. Ce sont de nouveaux programmes, de nouvelles offres. Des choix qui sont extrêmement importants dans l’histoire de notre radio.

La transition entre Philippe Bouvard et Laurent Ruquier est-elle facile à gérer? 

C’était une gageure, un véritable challenge. Philippe Bouvard a formidablement fait les grosses têtes durant 37 ans, avec tout son talent, avec tout son succès. La succession, ou, en tous cas le fait de continuer Les Grosses Têtes avec quelqu’un d’autre n’était pas évident.

Pourquoi avoir choisi Laurent Ruquier ?

C’était la personne la plus à même, et il en a eu le souhait, de continuer, de s’inscrire dans l’histoire des Grosses Têtes. Nous sommes à plus d’une semaine d’émission. Je crois que nous avons bien réussit le mix entre ce que Laurent Ruquier a pu faire sur d’autres antennes, et sur les Grosses Têtes de RTL. Donc on est très confiants.

Réalisez-vous de bonnes audiences depuis la première diffusion des Grosses Têtes avec Ruquier ?

Aucune radio n’a encore les audiences. Donc pour l’instant on est sur du ressenti, on est sur des études qualitatives, on est sur l’appréciation que peuvent avoir les professionnels. On pense que c’est bien parti.

Le président d’Europe 1, déclare préférer faire de la radio parlée plutôt que filmée, qu’en est-il pour RLT? 

Depuis plus d’un an nous filmons nos programmes pour ceux qui souhaitent les voir sur des tablettes ou des ordinateurs. Aujourd’hui c’est plus de 15 heures par jour. Notre projet n’est pas de faire de la radio parlée : on en fait. Ce n’est pas faire de la radio filmée : on en fait. C’est tout simplement de faire la radio, et de la bonne radio !

Quelles sont vos ambitions en matière numérique ?

La radio est particulièrement adaptée au monde numérique. A RTL nous avons de très bons résultats en la matière. Nous sommes dans le top 20, et nous avons même obtenu une treizième place devant les autres radios et devant des chaînes de télévision sur le Top 20 des sites d’information.

En quoi le média radio est-il adapté à l’univers digital ?

Ce sont un peu les mêmes caractéristiques : gratuité, média non exclusif, média personnel. La radio quand on décline ses caractéristiques sur le numérique, à condition de s’en donner les moyens, c’est assez logique, et c’est assez facile.

Quelles sont vos priorités marketing, à l’ère du profiling, des bigs datas ?

Notre priorité aujourd’hui c’est de faire de l’audience, que ce soit en radio, ou dans le domaine du numérique avec nos sites.

Propos recueillis par Isabelle Hauw pour Rédac.tv.  Interview enregistrée dans les studios de RTL suite à la conférence de presse de rentrée de la station.

ITV de Pascal Rogard, dg de la SACD : « Chez Juncker, c’est le GAFA le plus favorisé ! »

Pascal Rogard, le dg de la Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatiques, a dévoilé les chiffres de perceptions et de répartitions 2014, et alerté sur les possibles atteintes au droit d’auteur par la  Commission Européenne

La SACD révèle les grandes lignes de son bilan 2014. Pouvez-vous rappeler son rôle ?

La SACD est la plus ancienne société d’auteurs, elle a été créée en 1777 par Beaumarchais. Elle s’est d’abord occupée de défendre les auteurs de théâtre, c’est à dire d’aller percevoir leurs rémunérations auprès des théâtres et de les reverser, puis a étendu ses activités au cinéma, à la création audiovisuelle, la fiction et la fiction radio.

Quels sont vos résultats pour 2014 ?

Un tiers de nos recettes viennent du spectacle vivant, avec le théâtre, les arts de la rue, la danse,  l’opéra, l’humour. Deux tiers des recettes viennent de l’audiovisuel. La perception est en progression, globalement de 216,7 millions d’euros en 2014 pour 215 M€ en 2013, en France, de 183 M€ d’euros contre 179 M€. 207 M€ ont été répartis en 2014, + 7% par rapport à 2013.

Avez-vous observé une particularité cette année?

Une légère baisse (-2%) de l’audiovisuel et une progression (+ 7%) du spectacle vivant. Cette progression s’est faite dans un contexte où nous avons repris en main nos outils de perception à partir du 1er juillet. Précédemment, les perceptions en province étaient faites par des délégués de la Sacem rémunérés au pourcentage par la SACD. La Sacem ayant dénoncé le contrat, nous avons estimé que nous devions assurer nos perceptions nous-même. Le bon résultat est lié pour la moitié de l’année au nouvel outil mis en place.  

Quelle est la raison de la baisse des perceptions dans l’audiovisuel ?

C’est très compliqué de comparer d’une année sur l’autre, dans les sociétés d’auteurs, il y a souvent de forts rattrapages de droits, ce qui fut le cas en 2013. Il y a du fait de la crise, du nombre de chaînes, une diminution des recettes publicitaires ; les ressources du service public sont également en stagnation. Les nouveaux médias, les nouveaux opérateurs Internet qui apportent des droits, parce qu’il y a des contrats avec eux, ne compensent pas les diminutions de recettes des médias traditionnels.

Avez-vous constaté des évolutions liées à ces nouveaux médias ?

Il y a une très forte augmentation des œuvres qui rentrent dans nos systèmes informatiques pour l’audiovisuel. Beaucoup de formats courts apparaissent, c’est l’influence de l’Internet, des sites communautaires comme YouTube et Daily Motion. On commence à voir arriver les effets des sites de vidéos à la demande, par exemple par abonnement, qui permettent à des œuvres d’être disponibles et donc vues beaucoup plus longtemps qu’avec les programmations de télévision. Les recettes ne croissent pas fortement, mais il y a une sensible augmentation des œuvres diffusées, ce qui nous oblige à adapter rapidement nos outils informatiques pour continuer à être performants.

On redoute que l’Europe remette en cause certains aspects du droit d’auteur…

Ce qui pourrait être remis en cause c’est la territorialité. Le principe, c’est que lorsque lorsqu’un producteur cède des droits d’exploitation à une télévision, il les cède pour une empreinte territoriale. C’est ce qui permet un large financement du cinéma ou des œuvres audiovisuelles en Europe. La Commission conteste ce principe, au nom de la création d’un grand marché numérique. Nous pensons que cela ne profiterait qu’aux grands opérateurs internet qui ne sont pas européens. Elle le conteste aussi au nom de la défense des consommateurs, qui voudraient soit disant voir des programmes qu’on appelle « géo-bloqués », ce qui veut dire que s’ils voyagent ils ne pourraient plus accéder à leurs programmes habituels. Or cela ne concerne en réalité pas tellement les œuvres, mais des événements sportifs.

Qu’observez-vous à cet égard ?

Pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, il y a des gens qui envisagent de baisser le niveau de protection de la création. L’Europe du droit d’auteur s’est toujours construite sur une très bonne idée de Jack Lang, qui était celle de l’auteur le plus favorisé. Chez Juncker, c’est le GAFA le plus favorisé !

Que souhaitez-vous pour France Télévisions ?

Le service public de télévision a besoin d’un nouvel élan, d’un nouveau souffle, d’un esprit de conquête, d’innovation. C’est fondamental pour la fiction française, le groupe France Télévisions représentant 60% de son financement. Nous sommes très attentifs au choix que fera le CSA.  

Propos recueillis par Isabelle Hauw

http://www.lettreaudiovisuel.com/il-y-a-une-augmentation-sensible-des-oeuvres-diffuses/

ITV de Michel Combes, pdg de SFR Group « Les GAFA européens sont les opérateurs de télécoms »

SFR devient un opérateur de contenus : SFR Group. Son pdg, Michel Combes, dévoile ses nouvelles offres numériques, sa stratégie, et sa vision d’avenir face à la concurrence des GAFA.

Pourquoi la société SFR change-t-elle de nom, pour devenir SFR Group ? 

SFR se transforme en devenant un véritable opérateur de contenus. Nous restons un opérateur télécoms, qui fournit de l’accès, de la data, et nous enrichissons cette offre de services, de contenus. Aux Etats-Unis tous les grands acteurs américains se sont déployés sur la convergence. Nous allons une étape plus loin, avec ce que j’appelle la convergence globale : l’accès, le contenu, mais aussi la publicité. La capacité de monétiser toutes les audiences qui sont créées par l’opérateur de télécommunications et opérateur de contenus, pour inventer une nouvelle forme de régie numérique. 

Quelles sont les raisons de cette évolution ? 

Le contexte a changé, les technologies permettent beaucoup plus de choses, les tablettes, les smartphonessmartTVs, beaucoup plus d’interactions. Les acteurs OTT, les GAFA, sont arrivés. Ils ont mis en risque le modèle opérationnel des opérateurs, encore plus celui des médias. Les médias ont perdu leur capacité de distribution, et de monétisation. 

Allez- vous proposer une offre TV thématique? 

Nous lançons une offre de contenus de 4 packs : SFR News, SFR Sport, SFR Play et SFR Presse. Nous devons nous différencier par rapport à nos compétiteurs. La phase de consolidation récente des opérateurs en France n’a pas eu lieu, nous avions préparé notre stratégie, et nous souhaitons l’accélérer pour pouvoir nous différencier par rapports à nos concurrents. C’est pour cela que nous allons vite, très vite. 

Comment se compose votre bouquet de chaînes d’informations?

 SFR News sera un pack de 5 chaînes. Une chaîne d’information généraliste BFM, une chaîne d’information économique BFM Business, une chaîne d’information internationale i24News. Nous lancerons deux nouvelles chaînes, en juin une chaîne d’information sportive BFM Sport, en octobre une chaîne d’information locale BFM Paris. 

Quelles chaînes pour vos packs sport, et divertissement? 

SFR Sport bénéficie de notre portefeuille de droits. Nous allons en conséquence proposer cinq chaînes :
– SFR Sport1 la chaîne 100% foot, avec la Premier League.
– SFR Sport2, le meilleur des sports en exclusivité chez SFR, AVIVA 
Premiership rugby, basket Pro A,  tennis, et ski
– SFR Sport
3, consacrée aux sports extrêmes
– SFR Sport4K, pour retrouver le meilleur de SFR Sport en 4K
– SFR Sport5, dédiée aux sports de combat et aux arts martiaux.

SFR Play intégrera notre service de svod ZIVE enrichi.
Dès le mois d’octobre, nous proposerons une série inédite, « 
Médici, Masters of Florence » avec Dustin Hoffmann, en 4K, puis des adaptations, des coproductions de séries avec Hot, la filiale israélienne du groupe Altice.

Vous innovez en lançant une offre de presse illimitée.. 

Nous transformons la presse en proposant l’intégralité de nos titres en numérique dans nos offres. Nous croyons en son avenir avec les technologies digitales. SFR est fort de 18 millions d’abonnés appelés à devenir lecteurs internautes. 

Ces contenus seront ils réservés aux clients SFR? 

Nos contenus seront intégrés soit à l’intérieur de nos offres soit en option. Mais si un client veut pouvoir accéder à SFR Sport, et qu’il n’est pas client de SFR en tant qu’opérateur de télécommunications, nous ne devons pas l’en priver. Le monde fermé des opérateurs télécoms que nous avons connu, aujourd’hui des GAFA qui nous enferment dans leur univers, doit évoluer. Nous voulons promouvoir un monde ouvert, de choix, de liberté, pour nos clients. 

Votre stratégie est-elle un moyen de faire face à la concurrence des GAFA ?

 Les GAFA européens se sont les opérateurs de télécoms. Tous les acteurs télécoms, média, communication, se déplacent sur le même triangle, l’accès, le contenu et la pub, chacun venant d’une extrémité. Nous venons du monde de l’accès, nous enrichissons nos offres à fin de fidélisation, de différenciation. Cela nous permet d’avoir des données d’usage, et d’aller vers ce monde de la pub plus ciblée, plus efficace, plus enrichissante pour l’annonceur comme pour le client. Jusqu’à présent ceux qui s’étaient le plus déplacés sur ce triangle étaient les GAFA, qui avaient essayé de s’arroger le monopole de la publicité. Aujourd’hui le mouvement de SFR est sans doute le plus complet dans ce nouvel espace. A nous de montrer que c’est un modèle qui va rencontrer le succès, un modèle d’avenir.

Propos recueillis par Isabelle Hauw, lors de la conférence de presse Altice-SFR. Interview de 4300 signes, publiée dans La Lettre.
Mai 2016. 

ITV de Didier Decoin, secrétaire général de l’Académie Goncourt, président du FIPA

Didier Decoin, président du Festival International du Film de programmes audiovisuels, dont la 29ème édition vient de s’achever, à Biarritz, nous offre son regard sur la télévision 

Didier Decoin, au début de votre carrière, jeune écrivain talentueux, qu’est-ce qui vous conduit vers l’image ?

Mon père, Henri Decoin, était cinéaste. Un jour il m’a demandé : « qu’est-ce que tu veux faire ? ». Je lui ai répondu, « Papa, c’est évident, je veux être comme toi ». Il faisait deux films et demi par an, alors que de nos jours  il faut deux ans et demi pour préparer un premier film. Il m’a dit: « Surtout pas, j’ai connu l’âge d’or du 7ème art, tu ne connaitras jamais la facilité qui m’a été offerte. Ne fais pas de cinéma. Ecris pour le cinéma ! ».

C’est ainsi que vous être devenu scénariste …

Tout en étant romancier, j’ai décidé de penser aux adaptations. L’idée c’était de susciter les commandes de producteurs ou des réalisateurs. La première commande qui m’est advenue, c’était celle de Marcel Carné ! Le film s’appelait « La merveilleuse visite ». La bien nommée car les scénarii se sont enchaînés… 

Qu’est-ce qui a guidé vos pas vers la télévision ?

Je me suis aperçu qu’écrire pour la télévision était très excitant. Hervé Bourges, alors pdg de France Télévisions, m’a appelé pour diriger la fiction. J’étais ravi, mais je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! Lors de la première réunion de direction, j’ai indiqué que j’avais lu un mauvais scénario, trouvé sur mon bureau. « Decoin vous savez qui l’a écrit, c’est quelqu’un de très important » m’va-t-il sermonné. J’ai rétorqué  « c’est très mauvais ». Il a alors lancé «  je crois que je tiens un excellent directeur de la fiction ».   

Vous avez travaillé longtemps pour France Télévisions …

En tant que directeur de la fiction, de 92 à 95. C’était une époque bénie. Quand Hervé Bourges m’avait engagé, Il m’avait donné carte blanche. Je lui avais affirmé   « de toute façon, président, je ne fais pas carrière à la télévision vous savez ; si je ne suis pas content je m’en vais dans les dix minutes qui suivent ». Il avait ri, mais c’était vrai !  J’ai ensuite travaillé sous la présidence de Xavier Gouyou-Beauchamps, puis de Jean-Pierre Elkabbach. Elu à l’Académie Goncourt, j’ai quitté ces fonctions. On m’a alors demandé de présider une chaîne thématique dédiée à la fiction, filiale de France Télévisions, qui s’appelait, telle une prémonition, Festival…

Comment avez-vous été appelé à prendre la présidence du FIPA?

Laurent Heynemann, anciennement président du FIPA, m’a appelé : «  Tu connais le FIPA. Ils n’ont plus de président, est ce que ça t’intéresserait ? ». Oh combien ! C’est le festival le plus intelligent qu’on ait inventé en télévision, en raison de son côté transgenre. Tous les reflets de ce qu’est la télévision, fiction, documentaire, reportages, séries, y sont représentés. C’est une rencontre internationale, ce qui est fondamental, car l’audiovisuel est mondial, global, il rayonne au travers du prisme de centaines de chaînes sur les satellites. Le Fipa réunit les deux versants, le versant artistique, auteurs, réalisateurs, et le versant diffusion, distribution.

Comment le FIPA a-t-il évolué, suite à votre arrivée, en 2012 ?

François Sauvagnargues, qui dirigeait la fiction à Arte, venait d’être nommé délégué général du Fipa. Nous avons souhaité donner une nouvelle envergure au festival. J’ai eu l’impression que le FIPA devenait ce que je voulais qu’il soit, à  la fois un festival sérieux de télévision, et une fête.

Vous avez créé deux nouveaux départements, le Fipa Industry, et le Smart Fipa…

Oui, afin d’envisager l’avenir, de construire le futur. Le Fipa Industry est un espace réservé aux professionnels, un lieu de rencontres. Le Smart Fipa, c’est la télévision de demain, d’après-demain.

Qu’a apporté la 29ème édition du Fipa ?

Le Fipa 2016 a fait tout son possible pour que la télévision soit dans tous ses états. Etats avec un grand E parce que le Fipa n’est pas un microcosme, mais un macrocosme qui a su attirer tous les Etats du monde. Et avec un tout petit e, pour rappeler que la télévision sait jouer des six états d’âme que sont l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la tristesse et la joie. Qui, d’après Descartes, fondent un être humain, et sont la palette du créateur audiovisuel. Je suis fier, incomparablement fier, de travailler pour la télévision.

Propos recueillis par Isabelle Hauw. Envoyée spéciale à Biarritz, pour le FIPA. Interview publiée dans la Lettre. 

 

ITV de Francis Morel, PDG Groupe Les Echos : « Il faut investir pour suivre la révolution des usages »

« Il  faut investir pour suivre la révolution des usages »

Suite à un colloque organisé par les Echos Events sur la transformation des médias, Francis Morel, pdg des Echos, a révélé les perspectives apportées au groupe par le numérique.

Le numérique implique-t-il aujourd’hui un nouveau modèle digital ?

Fondamentalement on tourne toujours autour de la même chose. On est là pour vendre des contenus et valoriser de l’audience. Mais avec le numérique, le mode de commercialisation et le type de produits que l’on met en vente sont différents.

Quelle est l’apport du numérique ?

L’élément fondamentalement novateur, révolutionnaire, du numérique c’est la technologie, qui ouvre d’autres horizons. Avant on vendait un journal, et un an après on avait des analyses sur le profil de notre cible. Grâce à la technologie on a instantanément des informations extrêmement précises  sur nos lecteurs, sur ce qui les intéressent, sur la façon dont ils lisent nos titres, nos articles. Tout le travail de la régie va être de vendre différemment, et à d’autres clients.

En quoi la commercialisation des Echos va-t-elle changer ?

Nous passons toujours par le mode de commercialisation traditionnel. Mais à côté, on a un mode très sophistiqué, d’analyse de datas, de valorisation des informations sur nos lecteurs qui  permet de vendre différemment et à un meilleur prix. On a des données  très intéressantes pour l’annonceur, sur un public différent, plus jeune. D’où la nécessité d’avoir un profil de datas analystes en plus de nos commerciaux habituels.

Quelle est la part de votre CA qui provient du numérique ?

La part de notre chiffre d’affaires sur le numérique est de l’ordre de 20%. Le développement est spectaculaire, le potentiel  très important, on est au début du chemin. La part du hors média représente un tiers de notre chiffre d’affaires total.

Quels sont les axes de votre stratégie de diversification ?

Premier axe, nous sommes entrés dans une logique de service, en organisant conférences, salons et formations. Notre second axe de développement est le numérique.

Quelles sont vos perspectives en termes de résultats ?

Après  plusieurs années de pertes, 2014 sera une bonne année pour le groupe, avec un résultat bénéficiaire. Nous allons  afficher la meilleure diffusion des dix dernières années. C’est la quatrième année de progression de diffusion du titre, tous modes confondus, print et numériques. Les résultats publicitaires sont fonction du marché, donc variables selon les mois.

A propos de publicité, que pensez-vous du contenu rédactionnel de marque, dit «native» ?

Cela permet aux marques de s’exprimer. C’est la possibilité d’un nouveau mode de communication.  Le problème à gérer est le suivant : le lecteur doit savoir s’il lit un article de presse, ou s’il est dans un contenu qui a été écrit par, ou avec l’annonceur. Il faut en conséquence s’entendre sur une présentation claire pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité vis-à-vis du lecteur, ou vis-à-vis de l’annonceur.

Observez-vous un changement majeur en matière d’usages ?

On observe une explosion des usages vers le mobile. C’est à mon sens la deuxième révolution numérique, un véritable changement en matière de consommation de l’information. Celle-ci est désormais consommée en continu sur les smartphones. D’où la création récente de l’application Les Echos Live.

Quelles  seront les conséquences stratégiques de l’explosion de la mobilité ?

Nous continuerons à développer des services pour répondre à cette forte demande, à  proposer des contenus adaptés à ce mode de consommation. Même si les recettes publicitaires y sont très faibles, il faut investir pour suivre cette révolution des usages.  Et réfléchir, en l’absence de revenus publicitaires sur le mobile, aux possibilités de changements de business model.

Ces bouleversements vous rendent-ils optimiste pour les années à venir ?

Ce qui est passionnant, c’est qu’on est dans un monde qui change à une vitesse extraordinaire. Je ne sais pas quelles seront les nouvelles opportunités à saisir dans trois ans mais je sais qu’il y en aura que nous n’imaginons pas aujourd’hui. Nous avons la chance d’être aux manettes pour piloter ce changement, à une période de révolution telle qu’on n’en a pas connue depuis plus de cent ans. Il nous faut être souples et réactifs. On ne doit pas redouter cette mutation, mais la considérer comme une opportunité.
Propos recueillis par Isabelle Hauw.

 

Interview de Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, Lettre du 3 déc.  Publiée à seule fin d’archivage. Toute reproduction interdite. 

http://www.lettreaudiovisuel.com/il-faut-investir-pour-suivre-la-rvolution-des-usages/

 

ITV de Francis Morel,  I.H., 4200 signes, suite à la Conférence Média des Echos sur le thème « La transformation des médias »

 

ITV : François Sauvagnargues, délégué général du Fipa.

« Nous souhaitons renforcer la dimension internationale du Fipa »

François Sauvagnargues, délégué général, dévoile les points forts de la 28ème édition du Festival International de Programmes Audiovisuels, du 20 au 25 janvier, à Biarritz.

 

La  28 ème édition du Fipa sera lancée dans une dizaine de jours. Pouvez-vous rappeler les caractéristiques de ce Festival ?

Le Fipa est un Festival destiné au public comme aux professionnels de la télévision. Il comprend deux axes. Celui de la compétition de différentes catégories d’œuvres audiovisuelles, avec de nombreuses remises de prix. C’est également un espace de rencontres, d’appel à développement de projets, une opportunité de nouvelles créations.

Quels types de programmes seront à l’affiche?

Le Fipa est consacré à tous les genres de la création, du documentaire à la fiction, en passant par le spectacle vivant. C’est le rendez-vous  des créateurs, de tous horizons, de toutes nationalités. Il est à mes yeux, grâce à la présence de milliers de talents, le Festival des idées inattendues, des projets dynamiques.

Quels prix seront décernés ?

Il y a six jurys, composés de trois auteurs, qui remettront les prix de fictions, et de séries : réalisation, interprétation masculine et féminine, scénario, musique. Mais également un prix documentaire de création, grand reportage et investigation, musique et spectacle vivant, et smartfip@. Et bien sur, les prix Mitrani, Jérôme Minet, Télérama, ou encore du Jury des jeunes européens. Une nouveauté cette année : le prix du public.

Combien de participants attendez-vous ?

L’année dernière, 25 000 personnes ont participé à l’événement, dont plus de 2 000 professionnels accrédités. Gageons que nous serons encore plus nombreux cette année, à avoir le privilège de visionner une centaine d’œuvres inédites pendant cette semaine de projections, conférences, et remises de prix.

Y a-t-il un thème cette année, comme lors des années précédentes ?

Chaque année, nous mettons un univers de création à l’honneur. C’est  l’Australie qui sera l’objet d’un focus spécial pour l’édition 2015. Ce choix symbolise le caractère universel du Fipa, qui consacre aussi bien des productions locales, que des œuvres de l’autre bout du monde.

La manifestation a-t-elle pris une nouvelle dimension depuis que vous la dirigez, avec son président, Didier Decoin ?

Le Fipa se déroule désormais au sein de trois espaces. Deux nouveautés ont permis, ces dernières années, de donner un nouvel essor à la manifestation. Le SmartFip@, espace multimédia, dont c’est la troisième édition, et la Fipa Industry, qui a vu le jour l’année dernière.

Comment l’événement accompagne-t-il la révolution numérique, la consommation multi-écrans ?

Les perspectives audiovisuelles évoluent au gré des nouveaux usages, des réseaux sociaux, des progrès technologiques. Il faut encourager la créativité en fonction de ces mutations. C’est tout l’objet du Smartfip@, espace dédié au multimédia, qui permet aux spécialistes du transmédia de se rencontrer. Son concours, le Hackathon, rencontre un franc succès.

 Comment se déroule le concours du smart fip@, le Hackathon ?

Le Hackathon consiste, pour des équipes de créateurs, développeurs,  spécialistes du multimédia, à réaliser des projets multi-supports, en l’espace de 48 heures.

L’an dernier, vous avez lancé la Fipa industry : quel est son rôle ?

C’est une plateforme d’échanges, qui permet aux acheteurs de rencontrer des porteurs de projets. Ceux-ci peuvent découvrir, à l’occasion de Line Up, ce qu’attendent les diffuseurs. Arte, France Télévisions, NHK, la RTBF, TF1, entre autres chaînes européennes ou encore australienne, et pour la première fois, des chaînes chinoises, viendront présenter leurs programmes et lignes éditoriales. Quarante postes de visionnage permettent de regarder l’ensemble de la sélection du Festival.

Quelle est l’objectif des deux nouveaux départements de l’événement : le smartfip@, et le Fipa industry ?

Nous souhaitons que le Fipa soit non seulement un panorama de la production internationale, mais qu’il permette aux créateurs, aux distributeurs, aux diffuseurs, de se rencontrer en amont des œuvres afin de préparer le futur.

Nourrissez-vous d’autres ambitions pour le Fipa ?

Nous souhaitons, le président du Fipa, Didier Decoin, et moi-même, renforcer sa dimension internationale. Nous venons à cet effet d’investir dans un système de sous-titrage électronique. Pour l’édition 2015, 80% de la sélection est d’origine étrangère. Les professionnels internationaux sont de plus en plus nombreux.

 

 

 

Propos recueillis par Isabelle Hauw.
Références presse. Lettre du 8 janvier, ITV I.H. 4250 signes.