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Révolution numérique : l’urgence européenne

Lors de la conférence de Paris sur le numérique, organisé par l’Université Paris-Dauphine, les spécialistes ont expliqué leur vision de la révolution en cours, et rappelé l’urgence d’une construction européenne.

 « J’ai alerté avec constance de l’urgence de la situation, les annonces qui ont été faites aujourd’hui vont dans le bon sens », déclare Michel Combes.  Le pdg d’Alcatel-Lucent approuve le plan stratégique révélé par Manuel Valls, concernant le financement des start-ups, l’encadrement de la gestion des données, et la volonté d’accélérer le calendrier européen.

« Nous sommes à l’aube de la révolution des objets connectés, bouleversement majeur ». Ce changement va créer de la valeur à travers de nouveaux modèles économiques, mais la mutation pose un certain nombre de problématiques.

Le spécialiste des télécoms alerte : c’est une lame de fond qui s’abat sur nous. « Ce n’est certainement pas en l’ignorant, ni en cherchant à nous barricader que nous allons nous en sortir, mais en acceptant un certain niveau de supra nationalité ».

« L’Europe a pris du retard ». Parmi les acteurs côtés mondiaux du net, il n’y a « aucun européen »,  déplore-t-il, appelant à la réactivité sur tous les fronts : régulation, consolidation, investissement, financement, prise de leadership sur la standardisation de la 5G. Inquiet, il rappelle l’urgence : « l’histoire numérique s’écrit maintenant, et elle s’inscrit au niveau européen ». Et lance, tel un défi au dynamisme d’entreprise,  à destination des entrepreneurs et élus présents : « notre meilleure défense c’est l’attaque !».

Gilles Babinet partage cette vision. Le « digital champion », qui représente les intérêts de la France auprès de la Commission Européenne, observe deux blocs clairement dessinés en matière de révolution digitale. Les Etats-Unis, forts des GAFA, de la Silicon Valey et de sa puissance de financement privé. La Chine, protectionniste qui représente les deux tiers des achats en e-commerce.  Il préconise d’urgence, pour la France, pour l’Europe, une réforme du système universitaire, comme de la fiscalité du financement de l’innovation.

Pour autant,  ce « sérial entrepreneur » souligne les progrès français. Il  note « des phénomènes encourageants, comme le succès de la French Tech, initiative publique dont les citoyens se sont emparés ». Ou encore, la visibilité de l’Ecole 42, ayant suscité des articles dans la presse internationale.  Avant de conclure, optimiste : « l’image de la France a changé ».  I.H.

Article IH 2000 signes. Envoyée spéciale à la Conférence de Paris sur le numérique, le 18 juin 2015, à l’Université Paris-Dauphine. 

La loi Création est en discussion au Sénat

Depuis mardi, les sénateurs procèdent à la discussion du projet de loi Création, adopté par l’Assemblée nationale. Fleur Pellerin a rappelé fermement le point de vue du gouvernement : la production doit rester indépendante.

« Mon souci est de donner aux artistes la possibilité de créer librement »  indique Fleur Pellerin, qui présentait son projet de loi relatif à la Création, à l’architecture et au patrimoine, au Sénat.

Les dispositions qui régissent le cinéma, l’audiovisuel et la musique ont besoin d’être modernisées. Elles sont exposées aux mutations numériques et à la globalisation.  Cette révolution modifie en profondeur les relations entre artistes, producteurs, diffuseurs ou distributeurs. Plutôt que d’avoir systématiquement recours à la loi, Fleur Pellerin revendique une méthode : « impulser des négociations entre les différents acteurs du secteur : ils sont les mieux à même de déterminer ce qui leur est collectivement le plus profitable ».

La ministre note l’adoption de mesures permettant de rééquilibrer les relations entre les artistes et les producteurs de cinéma à l’ère du numérique. Elles gagneront désormais en transparence, indique la ministre, qui se félicite du fait que les dispositions adoptées pour le cinéma aient été transposées à l’audiovisuel.

Les relations entre les producteurs et les diffuseurs sont plus problématiques. Des négociations sont en cours, après un premier accord ait enfin été conclu entre France Télévisions et les producteurs. « Tout ce qui viendrait déséquilibrer ces négociations ou prendre les acteurs au dépourvu doit donc être évité ».

Et de marteler, aux motifs de diversités culturelles, sa hantise d’une intégration verticale des groupes média : «  je ne peux qu’être en désaccord avec les amendements adoptés en commission sur ce sujet ».  Le texte de loi a en effet été modifié lors de la dernière séance de la Commission de la Culture, au Sénat, suite aux amendements déposés par le sénateur LR Jean-Pierre Leleux. L’obligation de commande d’œuvres audiovisuelles des diffuseurs auprès des producteurs indépendants a été abaissée de 75 % à 60 %.

Isabelle Hauw. Article publié (presse spécialisée) suite à la présentation de la discussion du texte de loi par Fleur Pellerin, en 2016.

 

Facebook, au cœur de la révolution digitale

Laurent Solly, dg de Facebook France, a exposé sa vision sur « le digital ou la révolution permanente », au Club audiovisuel de Paris

« Le numérique est certainement la révolution industrielle et sociale la plus importante, depuis les grandes révolutions du 20ème siècle. Elle est en train de structurer les sociétés et les grands marchés économiques », explique Laurent Solly. Le dg de Facebook France note les deux caractéristiques de cette nouvelle ère : son universalité, puisqu’elle touche tous les secteurs économiques et business models, et sa vitesse.

Quels sont les impacts sur le secteur audiovisuel ? Alors que la télévision était l’unique support de diffusion de l’image, on est passé à un monde multi-écrans: 6,7 écrans par famille en France. Le premier écran ne sera plus celui de la télévision mais le support mobile. Le public, connecté en permanence, a le choix de regarder les contenus où il veut, quand il veut, sur n’importe quel écran.

Le monde des médias est confronté à d’importants challenges. Il passe d’un monde linéaire à un univers multi-supports de plus en plus personnalisé. Les contenus sont détenus par un petit nombre d’ayants-droits qui font face à une intense fragmentation de la diffusion.

Pourtant, Laurent Solly considère le digital comme une chance pour l’audiovisuel. On entre « dans l’ère du marketing personnalisé à grande échelle ». Autant d’opportunités en matière de financement. La connaissance effective du public intéresse les annonceurs, qui souhaitent des informations de plus en plus précises. « Plus besoin de panels, nous pouvons mesurer instantanément l’impact d’un contenu » souligne-t-il. On arrive au règne de l’ultra-ciblage, de l’étude du comportement.

« Sur 20 millions d’utilisateurs de facebook, 15 millions le sont via mobile ». Le portable étant un écran personnel, le consommateur n’y accepte qu’un contenu idoine. Observant l’explosion de la consommation vidéo en ligne,  Laurent Solly invite à « considérer désormais l’audiovisuel comme un monde mobile ». Il avertit : « le numérique est une opportunité formidable, sous réserve d’appréhender sa vitesse et son impératif d’innovation ».  I.H.

Article suite au discours de Laurent Solly, dg de Facebook France, au dîner débat du Club audiovisuel de Paris, décembre 2014.

Facebook, au cœur de la révolution digitale http://www.lettreaudiovisuel.com/facebook-au-coeur-de-la-rvolution-digitale/

Loi sur l’indépendance des médias : les propositions du Sénat

Mardi, lors d’un point presse,  organisé par la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication, Catherine Morin-Desailly a présenté les modifications du texte de loi sur l’indépendance des médias, examiné le 6 avril en séance publique.

« On a bien compris que la loi était une loi de circonstance liée à l’affaire Bolloré », explique Catherine Morin-Desailly :  « toujours est-il que si le cas Bolloré est à déplorer ce n’est pas forcément ce qui devait précipiter en urgence le vote de la loi ». La présidente de la Commission déplore le recours à la procédure accélérée d’urgence :  « le sujet évoqué, ne serait ce que dans le titre, démontrait qu’on allait pas tout traiter dans cette proposition ».  En effet « la notion de pluralisme, d’indépendance des médias renvoie à des problématiques beaucoup plus larges, la survie des groupes dans un contexte économique difficile et de mutation technologique très rapide ».

La proposition de loi n’est à cet égard « pas tout à fait adaptée, un peu déphasée par rapport à l’enjeu » déplore-t-elle. Les auditions révèlent que « la proposition de loi rencontre beaucoup d’oppositions y compris de la part des journalistes ».

La Commission apporte en conséquence des modifications pour rendre son dispositif opérationnel, en supprimant la notion « d’intime conviction professionnelle », qu’elle considère juridiquement incertaine pour le droit d’opposition des journalistes. Ce, en laissant aux entreprises du secteur le soin de définir les modalités de la charte de déontologie, et en créant les conditions de fonctionnement des comités d’éthique.

En matière audiovisuelle la présidente de la Commission souhaite préserver le système de régulation actuel : « le CSA ne saurait s’immiscer dans le fonctionnement des entreprises du secteur, et ne doit pas devenir l’arbitre entre les journalistes et leurs employeurs ». I.H.

Article Institutionnel / Juridique
Suite au point presse organisé par la Commission de la Culture, de l’éducation, et de la communication le  5 avril au Sénat.

1600 signes. Publié au sein de la Lettre du 6 avril 2016.

 

 

Impact des crédits d’impôt : une quinzaine de tournages déjà rapatriés en France

Mardi, au salon des lieux de tournage, représentants d’institution et professionnels du secteur ont observé les effets positifs du crédit d’impôt, et ses enjeux pour la filière cinéma et audiovisuelle.

«  Il était urgent d’agir » indique Frédérique Bredin considérant l’ampleur des délocalisations de tournages. L’étude de la Ficam (Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia), vient de révéler qu’en 2015, 40% des films de cinéma de 7 à 10 M€  de budget étaient délocalisés hors de France, ce chiffre atteignant 70 % pour les films à gros budget, supérieur à 10 M€, et que 60% des effets visuels étaient délocalisés hors de France. «  On parle bien sûr de culture mais on parle aussi de filière stratégique, en termes de valeur ajoutée, d’emploi et de croissance », souligne la présidente du CNC, qui rappelle le poids de la filière culturelle, 340 000 emplois, près de 1% du PIB, comparable à l’industrie automobile.

Patrick Bloche, député de Paris, rappelle que les crédits d’impôt, créations récentes, 2004 pour le crédit d’impôt cinéma, 2005 pour le crédit d’impôt audiovisuel, 2009 pour le crédit d’impôt international, ont depuis 4 ans, « été boostés de façon décisive ». Par exemple, le 1er janvier, les taux des crédits d’impôt des films de cinéma tournés en français, des films d’animation, comme à fort effet visuel, ont été majorés à 30%, leur plafond ayant fait un bond de 4 à 30 M€. 80 à 100 millions d’euros supplémentaires seront ainsi injectés tous les ans dans le secteur.

« Un euro de crédit d’impôt génère 11 euros d’investissement sur le territoire, et  génère 3,6 euros de recettes fiscales et sociales pour l’Etat », explique le président de la Commission culturelle de l’Assemblée Nationale. Catherine Bozorgan, productrice, Manchester Films annonce que le prochain film d’Albert Dupontel « dont le tournage avait été prévu en Hongrie », sera tourné en France.

« Nous avons déjà  connaissance d’une quinzaine de tournage qui sont rapatriés en France, l’effet est immédiat » se réjouit Frédérique Bredin, qui rappelle l’objectif : «  200 millions d’activité supplémentaire pour la télévision et le cinéma, ce qui représente 10 000 emplois par an ».  I.H.

Article institutionnel / Economique
Publié le 4 février 2016 au sein de La Lettre.

2000 signes.

Le succès de la fiction française se confirme 

Mardi, lors d’un point presse, Frédérique Bredin, a communiqué les résultats de l’Observatoire de la production audiovisuelle. Le succès de la fiction française se confirme.

« Près de 5000 heures de programmes ont été aidées, un peu plus qu’en 2014 » (4943 heures), indique Frédérique Bredin, 3ème meilleur niveau en trente ans, pour la création et la production de programmes stables à 241 M€.

La présidente du CNC se réjouit du succès de la fiction française, qui représente, pour la deuxième année consécutive plus de la moitié des cent meilleures audiences de fiction (59 sur 100). L’Emprise a réuni 9,8 millions de téléspectateurs sur TF1.

« Nous devons encore faire un effort en termes de production, l’ouverture aux coproductions étrangères pourrait être plus large ».
Audrey Azoulay, vient d’annoncer la création d’un festival et grand marché européen des séries. Un chantier de réforme des aides à l’exportation pour l’audiovisuel et le cinéma est prévu à la rentrée. Le soutien se concentrant sur les documentaires de création, on observe un tassement de la production de documentaires aidés en 2015, également inhérent aux difficultés des chaînes locales : le CNC va lancer un nouveau mécanisme adapté.

Frédérique Bredin se félicite également du succès de l’animation française, « vrai succès artistique et économique pour la France ».
Elle explique que « le renfort des soutiens du CNC à l’animation, et la mise en place des crédits d’impôts en janvier ont eu des effets immédiats ».  Et de souligner :  « ces mesures sont extrêmement importantes: elles permettent une relocalisation et remettent la France au cœur de l’attractivité en termes de compétitivité ». I.H.

Déjeuner de presse du CNC.
Avril 2016.

Anne Hidalgo inaugure le café Fluctuat Nec Mergitur

La Maire de Paris a inauguré, vendredi, le café Fluctuat Nec Mergitur, place de la République, lieu d’échange, de débats, de joie de vivre, et de rendez-vous avec l’humanisme.

« Le Café Fluctuat Nec Mergitur », tel est le nouveau nom du café Monde et Médias qui avait brulé en 2015 et dont l’inauguration a eu lieu vendredi place de la République. Il y avait été installé « parce qu’on voulait que les médias et que le débat envahissent Paris et ça commençait par la place de la République » a expliqué Anne Hidalgo, qui souligne que sa réouverture n’est pas anecdotique.

« Un café c’est un lieu où on vient refaire le monde, où on vient débattre, où on vient rencontrer l’autre, on vient manger, on vient partager ». Son nouveau nom, la maxime de la ville qui signifie en latin « il est battu par les eaux mais il ne coule pas », s’est imposé après qu’il ait été repris par les artistes et sur les réseaux sociaux suite aux attentats terroristes.

Le café garde son cap. Accessible aux plus modestes, il permet de montrer un chemin aux jeunes : « ce chemin, c’est celui de la démocratie, c’est celui de l’humaniste, celui qui est fidèle aux valeurs de Paris ». Plus de 100 événements y  sont organisés chaque année, 25 titres de presse disponibles à la consultation.  Ce sont les plus modestes qui y trouvent un foyer. Au café Fluctuat Nec Mergitur , la rue,  même battue par les flots, s’invite, pour ne pas sombrer, à lire le journal en prenant son café, et à refaire l’humanité en soirée. I.H.

Article publié le 29 mars 2016 suite à l’inauguration du 25.

Loi Création : discussions avec Audrey Azoulay

L’examen de la loi Création se poursuit au Sénat, avec la nouvelle ministre de la Culture Audrey Azoulay. Il reste 198 amendements à examiner, le vote prévu mardi est reporté.

Suite au remaniement ministériel, Audrey Azoulay, la ministre de la Culture et de la Communication, était au Sénat vendredi pour les discussions de la loi Création. Elle a prononcé quelques mots en préambule : « je mesure la responsabilité qui est la mienne, l’émotion aussi d’être ici. Je voudrais saluer parmi vous des sénateurs que je connais bien, que j’apprécie, et avec lesquels je me réjouis de travailler. Je sais qu’un travail important a déjà été fait en Commission sur ce texte qui d’ailleurs amène le gouvernement à faire évoluer ses positions et je m’en réjouis parce que je sais qu’ici c’est un travail constructif qui peut être mené ».

Les  jours précédents les sénateurs ont adopté l’article 1 qui consacre la liberté de création artistique, et affirmé sa liberté de diffusion. Malgré les amendements du gouvernement, l’article établissant le seuil d’obligation de production indépendante à 60% pour les diffuseurs publics comme privés a été maintenu, la modification de la définition de l’indépendance selon le seul critère capitalistique confirmée.

Jean-Pierre Leleux, sénateur LR, co-rapporteur du texte, a proposé l’organisation d’une table ronde au printemps pour étudier l’adaptation des dispositifs en conséquence. Audrey Azoulay, qui a notamment travaillé à la Direction des médias, été dg déléguée du CNC, et conseillère Culture et Communication au cabinet de L’Elysée avant d’être nommée ministre, sera forte de ces expertises pour discuter avec les professionnels du secteur. Elle sera également appelée à travailler sur l’indépendance des médias abordée lors de discussions d’amendements sur la loi Création, dans le cadre de la proposition de loi déposée par Patrick Bloche, député PS, président de la Commission des affaires culturelles à l’Assemblée nationale.

Le texte vise à renforcer la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias, à l’heure des grands mouvements de concentration du secteur, de rachats de médias par des groupes industriels ou télécoms. I.H.

Loi Création, discussion du texte et adoption des amendements par le Sénat.