Archives pour la catégorie Médias

ITV de Didier Decoin, secrétaire général de l’Académie Goncourt, président du FIPA

Didier Decoin, président du Festival International du Film de programmes audiovisuels, dont la 29ème édition vient de s’achever, à Biarritz, nous offre son regard sur la télévision 

Didier Decoin, au début de votre carrière, jeune écrivain talentueux, qu’est-ce qui vous conduit vers l’image ?

Mon père, Henri Decoin, était cinéaste. Un jour il m’a demandé : « qu’est-ce que tu veux faire ? ». Je lui ai répondu, « Papa, c’est évident, je veux être comme toi ». Il faisait deux films et demi par an, alors que de nos jours  il faut deux ans et demi pour préparer un premier film. Il m’a dit: « Surtout pas, j’ai connu l’âge d’or du 7ème art, tu ne connaitras jamais la facilité qui m’a été offerte. Ne fais pas de cinéma. Ecris pour le cinéma ! ».

C’est ainsi que vous être devenu scénariste …

Tout en étant romancier, j’ai décidé de penser aux adaptations. L’idée c’était de susciter les commandes de producteurs ou des réalisateurs. La première commande qui m’est advenue, c’était celle de Marcel Carné ! Le film s’appelait « La merveilleuse visite ». La bien nommée car les scénarii se sont enchaînés… 

Qu’est-ce qui a guidé vos pas vers la télévision ?

Je me suis aperçu qu’écrire pour la télévision était très excitant. Hervé Bourges, alors pdg de France Télévisions, m’a appelé pour diriger la fiction. J’étais ravi, mais je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! Lors de la première réunion de direction, j’ai indiqué que j’avais lu un mauvais scénario, trouvé sur mon bureau. « Decoin vous savez qui l’a écrit, c’est quelqu’un de très important » m’va-t-il sermonné. J’ai rétorqué  « c’est très mauvais ». Il a alors lancé «  je crois que je tiens un excellent directeur de la fiction ».   

Vous avez travaillé longtemps pour France Télévisions …

En tant que directeur de la fiction, de 92 à 95. C’était une époque bénie. Quand Hervé Bourges m’avait engagé, Il m’avait donné carte blanche. Je lui avais affirmé   « de toute façon, président, je ne fais pas carrière à la télévision vous savez ; si je ne suis pas content je m’en vais dans les dix minutes qui suivent ». Il avait ri, mais c’était vrai !  J’ai ensuite travaillé sous la présidence de Xavier Gouyou-Beauchamps, puis de Jean-Pierre Elkabbach. Elu à l’Académie Goncourt, j’ai quitté ces fonctions. On m’a alors demandé de présider une chaîne thématique dédiée à la fiction, filiale de France Télévisions, qui s’appelait, telle une prémonition, Festival…

Comment avez-vous été appelé à prendre la présidence du FIPA?

Laurent Heynemann, anciennement président du FIPA, m’a appelé : «  Tu connais le FIPA. Ils n’ont plus de président, est ce que ça t’intéresserait ? ». Oh combien ! C’est le festival le plus intelligent qu’on ait inventé en télévision, en raison de son côté transgenre. Tous les reflets de ce qu’est la télévision, fiction, documentaire, reportages, séries, y sont représentés. C’est une rencontre internationale, ce qui est fondamental, car l’audiovisuel est mondial, global, il rayonne au travers du prisme de centaines de chaînes sur les satellites. Le Fipa réunit les deux versants, le versant artistique, auteurs, réalisateurs, et le versant diffusion, distribution.

Comment le FIPA a-t-il évolué, suite à votre arrivée, en 2012 ?

François Sauvagnargues, qui dirigeait la fiction à Arte, venait d’être nommé délégué général du Fipa. Nous avons souhaité donner une nouvelle envergure au festival. J’ai eu l’impression que le FIPA devenait ce que je voulais qu’il soit, à  la fois un festival sérieux de télévision, et une fête.

Vous avez créé deux nouveaux départements, le Fipa Industry, et le Smart Fipa…

Oui, afin d’envisager l’avenir, de construire le futur. Le Fipa Industry est un espace réservé aux professionnels, un lieu de rencontres. Le Smart Fipa, c’est la télévision de demain, d’après-demain.

Qu’a apporté la 29ème édition du Fipa ?

Le Fipa 2016 a fait tout son possible pour que la télévision soit dans tous ses états. Etats avec un grand E parce que le Fipa n’est pas un microcosme, mais un macrocosme qui a su attirer tous les Etats du monde. Et avec un tout petit e, pour rappeler que la télévision sait jouer des six états d’âme que sont l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la tristesse et la joie. Qui, d’après Descartes, fondent un être humain, et sont la palette du créateur audiovisuel. Je suis fier, incomparablement fier, de travailler pour la télévision.

Propos recueillis par Isabelle Hauw. Envoyée spéciale à Biarritz, pour le FIPA. Interview publiée dans la Lettre. 

 

Loi sur l’indépendance des médias : les propositions du Sénat

Mardi, lors d’un point presse,  organisé par la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication, Catherine Morin-Desailly a présenté les modifications du texte de loi sur l’indépendance des médias, examiné le 6 avril en séance publique.

« On a bien compris que la loi était une loi de circonstance liée à l’affaire Bolloré », explique Catherine Morin-Desailly :  « toujours est-il que si le cas Bolloré est à déplorer ce n’est pas forcément ce qui devait précipiter en urgence le vote de la loi ». La présidente de la Commission déplore le recours à la procédure accélérée d’urgence :  « le sujet évoqué, ne serait ce que dans le titre, démontrait qu’on allait pas tout traiter dans cette proposition ».  En effet « la notion de pluralisme, d’indépendance des médias renvoie à des problématiques beaucoup plus larges, la survie des groupes dans un contexte économique difficile et de mutation technologique très rapide ».

La proposition de loi n’est à cet égard « pas tout à fait adaptée, un peu déphasée par rapport à l’enjeu » déplore-t-elle. Les auditions révèlent que « la proposition de loi rencontre beaucoup d’oppositions y compris de la part des journalistes ».

La Commission apporte en conséquence des modifications pour rendre son dispositif opérationnel, en supprimant la notion « d’intime conviction professionnelle », qu’elle considère juridiquement incertaine pour le droit d’opposition des journalistes. Ce, en laissant aux entreprises du secteur le soin de définir les modalités de la charte de déontologie, et en créant les conditions de fonctionnement des comités d’éthique.

En matière audiovisuelle la présidente de la Commission souhaite préserver le système de régulation actuel : « le CSA ne saurait s’immiscer dans le fonctionnement des entreprises du secteur, et ne doit pas devenir l’arbitre entre les journalistes et leurs employeurs ». I.H.

Article Institutionnel / Juridique
Suite au point presse organisé par la Commission de la Culture, de l’éducation, et de la communication le  5 avril au Sénat.

1600 signes. Publié au sein de la Lettre du 6 avril 2016.

 

 

Quelles perspectives pour les séries TV? 

Mercredi après-midi, lors des Assises européennes des séries TV, les spécialistes ont fait le point sur les évolutions des usages et les perspectives de distribution mondiale.

 » Nous sommes dans un contexte de mutation des usages » indique  Sahar Baghery, directrice Etudes et stratégie des contenus pour Eurodata TV Worldwide/Médiamétrie. Si les jeunes adultes regardent de moins en moins la télévision (2h04 en 2015 vs 2h14 en 2014 et 2h18 en 2013), la consommation en ligne est en plein essor ; services OTT, télévision de rattrapage, plateformes en ligne se développent. Ces perspectives impliquent une multiplication des fenêtres, des contrats, une « éditorialisation » de la distribution.

Dans un contexte de forte concurrence internationale, il y a une opportunité pour les séries d’ancrage local, ou s’adressant à un public spécifique. Alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un diffuseur annonce la programmation de la « série de l’année », les séries dites « de niche » sont susceptibles de rencontrer leur public, de « fédérer une communauté » indique Manuel Alduy. Le directeur de Canal OTT souligne l’essor de la consommation de programme sur mobile. Les programmes à épisodes courts, « feuilletonants » donc « fidélisateurs », sont adaptés à la consommation sur smartphones.

L’offre de Canal + pour mobiles souhaite toucher les 15/34 ans, « en ce qui concerne les autres cibles on verra l’année prochaine en fonction du succès ».  Qui aurait pensé que TF1 diffuserait les premiers épisodes de la série Marseille, avant Netflix »,  note Emmanuelle Guilbart, pdg de About Premium Content, société de sourcing, gap-financement et distribution de contenus, qui conclut : « le marketing est la clé ». I.H.

Assises européenne des séries TV.
Forum des images.  Avril 2016.

Big Data : Havas Média invite les marques à emboiter le pas de Netflix

Dominique Delport, dirigeant d’Havas Média Group, explique le rôle majeur des Big Data pour les marques et annonce la création d’une chaire avec l’université Paris Dauphine.

C’est en décrivant le fonctionnement de Netflix que Dominique Delport explique le rôle fondamental des Big Data pour l’avenir des entreprises. Il rappelle que « c’est un service de gestion  à la séance de films, de série télés, c’est un OTT, un over the top, il vit sur Internet, dans le nuage ».

Le Global Managing Director d’Havas Média Group souligne que les données sont au cœur du projet. « Ce qu’ils vendent ce ne sont pas des nouveautés ou des bouquets de chaînes, c’est de la compréhension des individus. Ils ont pris des milliers de films et ils les ont tagués, ils les ont identifié avec des centaines d’adjectifs décrivant 77 000 genres de films différents. Il y a un niveau de granularité dans la définition qui fait Netflix sait mieux que vous ce que vous aimez : 75% des films qui sont vus sont liés au moteur de recommandation.

La logique granulaire est différente de celle d’Amazon basée sur la corrélation entre individus ». Ces techniques permettent d’être à l’écoute du consommateur donc de juguler sa volatilité.

« Il y a un enjeu de pertinence pour les marques si elles veulent rester en contact avec leurs clients ». C’est bien le tournant technologique pris par le groupe Havas, qui vient de lancer DYNauction, une plateforme d’achat d’espace plurimédia qui bénéficie d’algorithmes élaborés par MFG Labs, société de Havas Média Group fondée en 2009, spécialisée en stratégie digitale et en Big Data.

Au vu des besoins de formation spécialisée, Dominique Delport annonce la création, avec Paris Dauphine, de la première chaire « Intelligence des Données de Grandes Dimensions ».

Il conclut :  « les Big Data irriguent non seulement les réseaux sociaux et les communications mobiles de nouvelle génération mais se déploient également dans les flux et les interactions croissantes entre les objets connectés. La transformation de ces Big Data en valeur, améliorant et informant mieux les processus de prise de décision, offre alors de fantastiques opportunités ». I.H.

Envoyée spéciale à Cannes.                                                                                         Conférence au Mip TV.  Avril 2015. 

Google invite l’Europe à se tourner vers le futur 

Carlo d’Asaro Biondo, président des Relations Stratégiques de Google Europe a exposé sa vision sur « les nouveaux modèles, et nouvelles opportunités » du secteur.

« C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité où on a un véritable langage commun » observe Carlo d’Asaro Biondo. On a mis en réseaux « des machines qui se parlent et se comprennent », le coût de stockage d’informations continue de baisser environ de 50% par an. La puissance de calcul, la gestion de données ne sont plus un problème. Le changement fondamental a lieu actuellement, inhérent au fait que, grâce au téléphone portable, que l’on utilise de plus en plus,  on a toujours ces éléments sur soi.

Pour autant, le président de la stratégie Europe, Afrique et Moyen-Orient,  se veut rassurant  face au Tout Paris  du cinéma, de la télévision  et de la presse : « je ne pense pas que le téléphone portable, ou Google, ou Facebook, ou YouTube vont détruire les autres médias », explique-t-il.  Leur temps d’utilisation continue à augmenter : les jeunes lisent différemment mais autant, voire plus qu’il y a quinze ans.

Les usages, complémentaires, se modifient de façon très profonde, et les sources de revenus oscillent, en conséquence, fortement. L’avantage compétitif de sociétés comme Google ou Facebook, ou autres acteurs de l’Internet, est de partir à zéro. Alors qu’ »il va falloir faire transiter le modèle économique des entreprises européennes vers ce nouveau monde, qui n’est pas le monde de l’Internet, mais qui est le monde de la connexion continue avec un téléphone portable et des applicatifs, qui répondent à un service spécifique à un moment particulier ».

Pour faire cette transition, « il faudra qu’on accepte de changer certaines règles : considérer que, par principe, il faut éviter d’utiliser les données des gens, c’est se couper du seul business model qui permettra d’augmenter la valeur ». Vouloir être dans un monde dans lequel on bloque et interdit l’usage de la donnée, alors que les Etats Unis, fort d’un territoire de 400 millions de personnes parlant la même langue ont des règles plus souples « c’est se suicider, c’est sortir de la compétition ». Considérant que « nous vivons une véritable Renaissance », Carlo d’Asaro Biondo invite l’Europe à se tourner vers le futur.  I.H.

Suite à l’Allocution de Carlo d’Asaro Biondo pour le Club Audiovisuel de Paris,  suivie le 9 décembre 2015 dans les salons du Sénat.

France Télévisions présente son dispositif Roland Garros 2016

Mardi soir, France Télévisions a présenté un dispositif innovant pour Roland Garros 2016. Le groupe diffusera l’ensemble de la compétition sur ses antennes et sur FranceTVSport.

 » Nous diffusons l’ensemble de la compétition » s’est réjoui Daniel Bilalian, en indiquant que « tous les courts seront en direct à 11 heures sur Internet, tablettes et mobiles, avant les prises d’antenne en après-midi de France 2, France 3 et France 4 ».

Les principaux matches seront diffusés en direct en 360° et en 4K, une application d’immersion en réalité RG 360 virtuelle proposée. A partir des demi-finales simples dames, les téléspectateurs pourront bénéficier une chaîne événementielle ultra HD sur la TNT à Paris, via Fransat en province. « Stade 2″ sera diffusée en direct de la terrasse Patrice Gominguez les dimanches 22, 29 mai et 5 juin.

Une nouvelle émission sera programmée tous les soirs de la quinzaine à 20h05 sur France 3, « Le Club Roland-Garros » présentée par Laurent Luyat. Roland-Garros commencera dès le 16 mai à partir de 10 h sur le site et les applis francetvsport avec la diffusion des matches des qualifications, et du tirage au sort.

Pour conclure cette mise en jambes, les téléspectateurs auront droit, samedi 21 juin, à une journée consacrée au sport, dont la programmation du documentaire  » In the French, dans les coulisses de Roland-Garros« . La suite, 35 ans après, du mythique The French, tourné par le photographe William Klein en 1981. Pour « filmer le tennis quand les caméras de télé ne sont plus là, quand la télé s’arrête » a expliqué la réalisatrice, Géraldine Maillet. I.H

Elections aux USA : Etats de choc. Les réseaux sociaux au pouvoir

Alors que les sondages et médias annonçaient la victoire de la candidate démocrate, Hillary Clinton, l’élection du républicain Donald Trump provoque des réactions de colère et  de stupeur sur les réseaux sociaux.  Leçons d’une erreur médiatique à l’heure des primaires électorales françaises.

« American Psycho », titre la couverture de Libé du 9 novembre. Donald Trump vient d’être élu 45ème président des Etats-Unis.  Le candidat de la télé-réalité a gagné. Décrié pour ses affaires douteuses, sa violence, sa vulgarité, sa misogynie, le Républicain prend la tête de la première puissance mondiale.

Pourtant les sondages donnaient Hillary Clinton vainqueur. Les médias étaient quasi formels, convaincus, enthousiastes.  Les hommes politiques saluaient l’élection d’Hillary. François Hollande s’était fendu d’un laïus de félicitations  à l’attention de la démocrate.  Pour les partisans français du Clan Clinton, endormis de certitudes, le réveil sonne tel un cauchemar. Etat après Etat, le Républicain, décrié par les médias, apparaît comme vainqueur. La toile s’affole.

Hillary Clinton était portée aux nues par les médias, par New-York, l’écrin de Liberté, l’intellectuelle, la pro démocrate. Mais New-York n’est pas les Etats-Unis. Pour de nombreux électeurs, le clan Clinton souffrait d’un parfum de déjà-vu.  Hillary n’apportait aucun espoir de changement pour le peuple américain. Et fut rejetée, entre autres, par ceux qui ne se sont pas exprimés pendant les sondages.

Le poids de l’abstention et des réseaux sociaux

Les chiffres indiquent, ironiquement, que le nombre de voix était favorable, à un cheveu près, à Hillary  Clinton (25,6 % des voix), plutôt qu’à Donald Trump (25,5 % des voix).  Mais en ce week-end de l’Armistice, l’abstention se révèle, et de loin,  vainqueur,  comme souvent au sein des démocraties qui oublient leurs fondements. Près d’un électeur sur deux ne s’est pas donné la peine d’aller voter.

Le discours de victoire de Donald Trump, fédérateur, rassurant, prône le renouvellement. Entre deux manifestations, des voix s’élèvent pour saluer sa victoire. Le discours de Barack Obama, qui, suite à ses deux mandats présidentiels, emporte dans son sillage la considération de la majorité de ses compatriotes calme un peu les esprits.

Les sondages se sont trompés, évinçant l’hypothèse d’un Brexit, annonçant la victoire d’Hillary. Le peuple peut défier la « bien-pensance » des grands médias. Alors les comptables de la science des sondages décortiquent leurs méthodologies. Surtout, on apprend que la victoire s’est jouée sur les réseaux sociaux.

Les internautes tirent l’alarme pour 2017

Mais au fil des tweets, des statuts et commentaires des français sur Facebook, le spectre d’une redite populiste lors des élections françaises se profile. Les électeurs pourraient parer Marianne des mèches blondes du Front National.

Les appels à la mobilisation se lancent. Macron se met En Marche, annonce sa candidature, dévoile son programme. La primaire de la droite et du centre affirme ses valeurs. A quelques points des candidats Juppé et Sarkozy, Fillon fait une avancée remarquée. Les sondages ne veulent plus rien dire ? Ses équipes sourient. L’ancien premier ministre est deuxième sur FaceBook. I.H.

 

Donald Trump, Elections, Etats-Unis, Président, Primaires.

Images des manifestations anti-Trump.

“Not my president!”: des milliers d’Américains… par LEXPRESS

 

ITV de Francis Morel, PDG Groupe Les Echos : « Il faut investir pour suivre la révolution des usages »

« Il  faut investir pour suivre la révolution des usages »

Suite à un colloque organisé par les Echos Events sur la transformation des médias, Francis Morel, pdg des Echos, a révélé les perspectives apportées au groupe par le numérique.

Le numérique implique-t-il aujourd’hui un nouveau modèle digital ?

Fondamentalement on tourne toujours autour de la même chose. On est là pour vendre des contenus et valoriser de l’audience. Mais avec le numérique, le mode de commercialisation et le type de produits que l’on met en vente sont différents.

Quelle est l’apport du numérique ?

L’élément fondamentalement novateur, révolutionnaire, du numérique c’est la technologie, qui ouvre d’autres horizons. Avant on vendait un journal, et un an après on avait des analyses sur le profil de notre cible. Grâce à la technologie on a instantanément des informations extrêmement précises  sur nos lecteurs, sur ce qui les intéressent, sur la façon dont ils lisent nos titres, nos articles. Tout le travail de la régie va être de vendre différemment, et à d’autres clients.

En quoi la commercialisation des Echos va-t-elle changer ?

Nous passons toujours par le mode de commercialisation traditionnel. Mais à côté, on a un mode très sophistiqué, d’analyse de datas, de valorisation des informations sur nos lecteurs qui  permet de vendre différemment et à un meilleur prix. On a des données  très intéressantes pour l’annonceur, sur un public différent, plus jeune. D’où la nécessité d’avoir un profil de datas analystes en plus de nos commerciaux habituels.

Quelle est la part de votre CA qui provient du numérique ?

La part de notre chiffre d’affaires sur le numérique est de l’ordre de 20%. Le développement est spectaculaire, le potentiel  très important, on est au début du chemin. La part du hors média représente un tiers de notre chiffre d’affaires total.

Quels sont les axes de votre stratégie de diversification ?

Premier axe, nous sommes entrés dans une logique de service, en organisant conférences, salons et formations. Notre second axe de développement est le numérique.

Quelles sont vos perspectives en termes de résultats ?

Après  plusieurs années de pertes, 2014 sera une bonne année pour le groupe, avec un résultat bénéficiaire. Nous allons  afficher la meilleure diffusion des dix dernières années. C’est la quatrième année de progression de diffusion du titre, tous modes confondus, print et numériques. Les résultats publicitaires sont fonction du marché, donc variables selon les mois.

A propos de publicité, que pensez-vous du contenu rédactionnel de marque, dit «native» ?

Cela permet aux marques de s’exprimer. C’est la possibilité d’un nouveau mode de communication.  Le problème à gérer est le suivant : le lecteur doit savoir s’il lit un article de presse, ou s’il est dans un contenu qui a été écrit par, ou avec l’annonceur. Il faut en conséquence s’entendre sur une présentation claire pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité vis-à-vis du lecteur, ou vis-à-vis de l’annonceur.

Observez-vous un changement majeur en matière d’usages ?

On observe une explosion des usages vers le mobile. C’est à mon sens la deuxième révolution numérique, un véritable changement en matière de consommation de l’information. Celle-ci est désormais consommée en continu sur les smartphones. D’où la création récente de l’application Les Echos Live.

Quelles  seront les conséquences stratégiques de l’explosion de la mobilité ?

Nous continuerons à développer des services pour répondre à cette forte demande, à  proposer des contenus adaptés à ce mode de consommation. Même si les recettes publicitaires y sont très faibles, il faut investir pour suivre cette révolution des usages.  Et réfléchir, en l’absence de revenus publicitaires sur le mobile, aux possibilités de changements de business model.

Ces bouleversements vous rendent-ils optimiste pour les années à venir ?

Ce qui est passionnant, c’est qu’on est dans un monde qui change à une vitesse extraordinaire. Je ne sais pas quelles seront les nouvelles opportunités à saisir dans trois ans mais je sais qu’il y en aura que nous n’imaginons pas aujourd’hui. Nous avons la chance d’être aux manettes pour piloter ce changement, à une période de révolution telle qu’on n’en a pas connue depuis plus de cent ans. Il nous faut être souples et réactifs. On ne doit pas redouter cette mutation, mais la considérer comme une opportunité.
Propos recueillis par Isabelle Hauw.

 

Interview de Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, Lettre du 3 déc.  Publiée à seule fin d’archivage. Toute reproduction interdite. 

http://www.lettreaudiovisuel.com/il-faut-investir-pour-suivre-la-rvolution-des-usages/

 

ITV de Francis Morel,  I.H., 4200 signes, suite à la Conférence Média des Echos sur le thème « La transformation des médias »

 

ITV : François Sauvagnargues, délégué général du Fipa.

« Nous souhaitons renforcer la dimension internationale du Fipa »

François Sauvagnargues, délégué général, dévoile les points forts de la 28ème édition du Festival International de Programmes Audiovisuels, du 20 au 25 janvier, à Biarritz.

 

La  28 ème édition du Fipa sera lancée dans une dizaine de jours. Pouvez-vous rappeler les caractéristiques de ce Festival ?

Le Fipa est un Festival destiné au public comme aux professionnels de la télévision. Il comprend deux axes. Celui de la compétition de différentes catégories d’œuvres audiovisuelles, avec de nombreuses remises de prix. C’est également un espace de rencontres, d’appel à développement de projets, une opportunité de nouvelles créations.

Quels types de programmes seront à l’affiche?

Le Fipa est consacré à tous les genres de la création, du documentaire à la fiction, en passant par le spectacle vivant. C’est le rendez-vous  des créateurs, de tous horizons, de toutes nationalités. Il est à mes yeux, grâce à la présence de milliers de talents, le Festival des idées inattendues, des projets dynamiques.

Quels prix seront décernés ?

Il y a six jurys, composés de trois auteurs, qui remettront les prix de fictions, et de séries : réalisation, interprétation masculine et féminine, scénario, musique. Mais également un prix documentaire de création, grand reportage et investigation, musique et spectacle vivant, et smartfip@. Et bien sur, les prix Mitrani, Jérôme Minet, Télérama, ou encore du Jury des jeunes européens. Une nouveauté cette année : le prix du public.

Combien de participants attendez-vous ?

L’année dernière, 25 000 personnes ont participé à l’événement, dont plus de 2 000 professionnels accrédités. Gageons que nous serons encore plus nombreux cette année, à avoir le privilège de visionner une centaine d’œuvres inédites pendant cette semaine de projections, conférences, et remises de prix.

Y a-t-il un thème cette année, comme lors des années précédentes ?

Chaque année, nous mettons un univers de création à l’honneur. C’est  l’Australie qui sera l’objet d’un focus spécial pour l’édition 2015. Ce choix symbolise le caractère universel du Fipa, qui consacre aussi bien des productions locales, que des œuvres de l’autre bout du monde.

La manifestation a-t-elle pris une nouvelle dimension depuis que vous la dirigez, avec son président, Didier Decoin ?

Le Fipa se déroule désormais au sein de trois espaces. Deux nouveautés ont permis, ces dernières années, de donner un nouvel essor à la manifestation. Le SmartFip@, espace multimédia, dont c’est la troisième édition, et la Fipa Industry, qui a vu le jour l’année dernière.

Comment l’événement accompagne-t-il la révolution numérique, la consommation multi-écrans ?

Les perspectives audiovisuelles évoluent au gré des nouveaux usages, des réseaux sociaux, des progrès technologiques. Il faut encourager la créativité en fonction de ces mutations. C’est tout l’objet du Smartfip@, espace dédié au multimédia, qui permet aux spécialistes du transmédia de se rencontrer. Son concours, le Hackathon, rencontre un franc succès.

 Comment se déroule le concours du smart fip@, le Hackathon ?

Le Hackathon consiste, pour des équipes de créateurs, développeurs,  spécialistes du multimédia, à réaliser des projets multi-supports, en l’espace de 48 heures.

L’an dernier, vous avez lancé la Fipa industry : quel est son rôle ?

C’est une plateforme d’échanges, qui permet aux acheteurs de rencontrer des porteurs de projets. Ceux-ci peuvent découvrir, à l’occasion de Line Up, ce qu’attendent les diffuseurs. Arte, France Télévisions, NHK, la RTBF, TF1, entre autres chaînes européennes ou encore australienne, et pour la première fois, des chaînes chinoises, viendront présenter leurs programmes et lignes éditoriales. Quarante postes de visionnage permettent de regarder l’ensemble de la sélection du Festival.

Quelle est l’objectif des deux nouveaux départements de l’événement : le smartfip@, et le Fipa industry ?

Nous souhaitons que le Fipa soit non seulement un panorama de la production internationale, mais qu’il permette aux créateurs, aux distributeurs, aux diffuseurs, de se rencontrer en amont des œuvres afin de préparer le futur.

Nourrissez-vous d’autres ambitions pour le Fipa ?

Nous souhaitons, le président du Fipa, Didier Decoin, et moi-même, renforcer sa dimension internationale. Nous venons à cet effet d’investir dans un système de sous-titrage électronique. Pour l’édition 2015, 80% de la sélection est d’origine étrangère. Les professionnels internationaux sont de plus en plus nombreux.

 

 

 

Propos recueillis par Isabelle Hauw.
Références presse. Lettre du 8 janvier, ITV I.H. 4250 signes.